Le premier ministre  indien Narendra Modi rencontre le président chinois Xi Jinping et son épouse Peng Liyuan, le 4 septembre à Xiamen (Chine). | TYRONE SIU / REUTERS

Le président chinois, Xi Jinping, et le premier ministre indien, Narendra Modi, ont joué l’apaisement, mardi 5 septembre au matin à Xiamen (Chine), lors d’un entretien bilatéral en marge du sommet des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), le premier depuis la fin d’une confrontation entre régiments des deux pays dans l’Himalaya cet été. M. Xi a souligné la nécessité d’une relation « saine et stable » entre les deux géants.

Ce face-à-face de dix semaines entre Pékin et New Delhi, émaillé d’escarmouches, a trouvé son dénouement, le 28 août, par un communiqué de quatre lignes dans lequel l’Inde a annoncé le « désengagement » de ses troupes du plateau montagneux de Doklam. Les deux pays avaient crié victoire. Le ministre des affaires étrangères chinois s’était félicité que l’Inde ait « appris la leçon ». Les Indiens s’étaient targués d’avoir obtenu l’arrêt de la construction de la route chinoise en territoire disputé et un retour au statu quo. Aucune explication officielle n’a cependant été fournie sur les négociations qui ont eu lieu.

A plusieurs reprises depuis le début des années 1990, le Bhoutan a proposé de céder à la Chine ce plateau himalayen en échange d’autres territoires qu’il convoite, dans le cadre de négociations sur la délimitation de leur frontière. Mais l’Inde s’y est opposée, craignant que la Chine se rapproche dangereusement de l’étroite bande de terre reliant ses plaines du Nord aux régions du Nord-Est. « La confrontation de Doklam doit être vue pour ce qu’elle était : un indice de la détérioration constante des capacités de l’Inde et la Chine à gérer de telles situations », note l’analyste Srinath Raghavan dans le quotidien indien Mint.

Rabibochage de façade

A la grande satisfaction de l’Inde, la déclaration commune publiée lundi a condamné « la violence » des talibans et des groupes djihadistes Lashkar-e-Taiba, Jaish-e-Mohammad ou encore du réseau Haqqani, présents sur le sol pakistanais, sans que le Pakistan, proche allié de la Chine, ne soit cependant mentionné.

Ce rabibochage sino-indien, même de façade, sauve un sommet des BRICS – le neuvième au niveau des chefs d’Etat ou de gouvernement – dont la pertinence comme vecteur d’intégration des grandes économies émergentes est mise à mal par l’ampleur du mégaprojet chinois des « routes de la soie ».

New Delhi a ouvertement boycotté le premier sommet chinois des « routes de la soie » en mai et vit mal la colossale aide chinoise apportée dans ce cadre à son ennemi de toujours, le Pakistan. L’Inde estime que « OBOR » (« One Belt, One Road », une ceinture, une route) sert les ambitions chinoises et déplore que la Chine importe bien moins de l’Inde que celle-ci de Chine.

Malgré les appels de Xi Jinping « à la solidarité entre économies émergentes » et la promesse d’affecter 65 millions d’euros à un plan de coopération entre les BRICS, la Chine mise de tout son poids sur OBOR, qui doit placer le pays au centre des échanges entre l’Asie, le Moyen-Orient, l’Afrique et l’Europe. Le projet de politique étrangère clé de M. Xi regroupe une soixantaine de pays et représente des milliards de dollars d’investissements et de prêts chinois.