Le chef du gouvernement tunisien, Youssef Chahed, a annoncé, mercredi 6 septembre, avoir procédé à un vaste remaniement ministériel qui était attendu.

« J’ai décidé de procéder à un remaniement gouvernemental », a déclaré M. Chahed suite à un entretien avec le président Béji Caïd Essebsi, avant de détailler la liste de ses nouveaux ministres. Le directeur de cabinet de M. Chahed, Ridha Chalghoum, ex-conseiller économique du chef de l’Etat, a été nommé ministre des finances.

Un ancien ministre de la défense, Abdelkrim Zbidi, reprend ce poste et remplace l’universitaire Farhat Horchani, tandis que le ministre de l’intérieur Hédi Majdoub a été remplacé par Lotfi Brahem. De formation militaire, M. Brahem a dirigé la Garde nationale (gendarmerie) selon des médias tunisiens.

MM. Chalghoum et Zbidi ont tous deux occupé des postes au gouvernement sous le président déchu Zine El-Abidine Ben Ali, renversé par une révolution en 2011.

Nommé ministre de la défense juste après la chute du dictateur, M. Zbidi était resté en poste de 2011 à 2013, mais avait refusé ensuite de rester au gouvernement à la suite de la crise politique déclenchée par l’assassinat de l’opposant de gauche Chokri Belaïd le 6 février 2013.

Il avait alors fustigé la classe politique incapable selon lui de sortir la Tunisie de la crise.

« La priorité absolue des finances publiques

Ce remaniement était très attendu et les scènes politiques et médiatiques bruissaient depuis plusieurs semaines de spéculations sur les portefeuilles concernés par le remaniement et les exigences des divers partis.

L’annonce a été faite après de nombreuses consultations avec des partis politiques et des organisations comme la puissante centrale syndicale UGTT et le patronat Utica.

Youssef Chahed, le plus jeune chef de gouvernement tunisien depuis l’indépendance du pays en 1956, a été nommé à l’été 2016. Issu de Nidaa Tounès, le parti fondé par le président Essebsi, il avait alors été chargé de former un gouvernement dit « d’union nationale » pour remplacer le cabinet précédent, critiqué pour « inefficacité », notamment dans les secteurs économiques.

A ce sujet, dans un entretien au magazine Leaders, M. Chahed a indiqué avoir préparé « tout un plan de relance économique » : « C’est le redressement des finances publiques qui exige une priorité absolue, tout comme la balance commerciale et les entreprises publiques en difficulté. »

Le gouvernement Chahed comptait des postes « vacants » qu’il fallait pourvoir, comme ceux des finances et de l’éducation, dont les titulaires contestés avaient été limogés.

Le ministre de l’investissement Fadhel Abdelkéfi a assuré l’intérim pour les finances mais lui-même a dû démissionner en août en raison d’une condamnation par la justice en 2014, dont il a dit ne pas avoir été informé.