Ils sont normalement sept gouverneurs à diriger la Réserve Fédérale américaine. Sauf qu’ils ne sont plus que deux vétérans de l’ère Obama assurés de rester à leur poste (Lael Brainard et Jérôme Powell). Donald Trump est donc en position et même en devoir de recomposer l’équipe dirigeante de la Fed avant la fin de l’année.

Explication : le mandat de la présidente Janet Yellen arrive à son terme début février ; deux postes sont vacants tandis qu’un troisième, celui de Randal Quarles nommé par Donald Trump, n’est pas confirmé par le Sénat. Surtout, l’adjoint de Janet Yellen, Stanley Fischer, a remis au président Trump sa démission, mercredi 6 septembre. Celle-ci sera effective mi-octobre alors que son mandat courait jusqu’à mi-2018.

Ce pilier de la banque centrale tire sa révérence à 73 ans. Professeur au Massachusetts Institute of Technology (MIT), cet économiste de renom a eu pour élèves les banquiers centraux Ben Bernanke, ex-patron de la Fed et Mario Draghi, actuel président de la banque centrale européenne. Il a mené une très longue carrière : numéro deux du FMI où il géra la crise asiatique de la fin des années 1990, vice président de Citigroup au début du siècle, président de la banque centrale d’Israël de 2005 à 2012 puis vice président de la Fed.

A l’origine de régulations que Donald Trump veut assouplir

Dans sa très courte lettre de démission, M. Fischer se félicite d’avoir eu le privilège de travailler avec Janet Yellen, se réjouit de ce que l’économie a créé des millions d’emplois sous son mandat et insiste sur le travail de régulation accompli : « instruit par les leçons des dernières crises, nous avons construit un système financier plus fort et plus solide, et mieux à même de fournir le crédit vital pour la prospérité de nos ménages et de nos entreprises ». Yellen, emploi, régulation : un salut au travail accompli et en creux, un appel à la continuité.

Mme Yellen et M. Fischer avaient fin août défendu le système de régulation que M. Trump veut assouplir. L’économiste devrait quitter son poste au moment où Randal Quarles, un homme de Wall Street, ancien du fonds d’investissement Carlyle, devrait recevoir la confirmation du Sénat et prendre ses fonctions de vice président chargé de la supervision bancaire.

Toutefois, la rupture n’est pas complète. Du côté de Trump, les critiques ont laissé place à plus de mesure. La reconduite de Janet Yellen n’est plus exclue par M. Trump, même si son conseiller économique Gary Cohn, ancien patron de Goldman Sachs, est sur les rangs. La presse joue au jeu des pronostics, le nom de l’économiste conservateur Marvin Goodfriend circule. Des personnalités plus conservatrices devraient sans doute être nommées, mais c’est la tendance globale alors que la Fed cherche à retrouver une certaine orthodoxie (remontée des taux et réduction de son bilan) après avoir porté l’économie à bout de bras pendant les dix années qui ont suivi la crise financière.