Pour la ministre de la culture, Françoise Nyssen, « le jeu vidéo est un art comme les autres ». / XAVIER LEOTY / AFP

C’est une déclaration qui apportera du baume au cœur de nombreux joueurs de jeu vidéo en France. Dans une vidéo sur DailyMotion, en réponse à la question d’un jeune collégien, Ahmed, la ministre de la culture, Françoise Nyssen, a affirmé le caractère artistique et culturel du jeu vidéo, et confirmé la volonté de l’Etat français de continuer à le soutenir, après les nombreuses initiatives du quinquennat Hollande.

« C’est un art comme les autres, ça fait partie de la culture et nous y sommes très attachés. D’ailleurs (…) en France c’est un secteur très actif, très créatif et beaucoup de gens sont dans le secteur du jeu vidéo. Il y a des inventeurs, des concepteurs, des ingénieurs qui travaillent dessus. Nous allons [les] soutenir, et nous sommes très attentifs ici au ministère de la culture de soutenir le jeu vidéo, qui est un vrai élément de notre culture en France. »

Le message de Françoise Nyssen a été relayé par le SELL, le Syndicat des éditeurs de logiciels de loisir, et salué par le SNJV, le Syndicat national du jeu vidéo, les deux principaux organismes de promotion et de défense des intérêts de l’industrie vidéoludique en France. Françoise Nyssen s’était déjà signalée fin août en saluant dans un message Twitter les vingt ans du jeu vidéo Goldeneye.

Continuité du précédent quinquennat

Ce n’est pas la première fois qu’un membre du gouvernement prend ouvertement position en faveur du jeu vidéo. Fin 2016, alors secrétaire d’Etat au numérique, Axelle Lemaire avait pronostiqué dans les colonnes du Monde que « d’ici vingt ans le jeu vidéo serait reconnu comme un art à part entière ». Un an plus tôt, la ministre de la culture de l’époque, Fleur Pellerin, avait affirmé que « le jeu vidéo est un élément de notre patrimoine culturel ».

C’est notamment lors du quinquennat de François Hollande qu’a été réformé le très stratégique crédit d’impôt au jeu vidéo, qui vise à rendre la France plus compétitive et attirante pour les entreprises face au dumping fiscal pratiqué notamment au Canada. Son relèvement à 30 % des dépenses est entré en vigueur le 13 août dernier. La France compte près d’un millier d’entreprises spécialisées sur son territoire.

Le soutien des pouvoirs publics au jeu vidéo n’est pas toujours allé de soi. Si pour répondre aux critères de Bruxelles sur la mise en place de mécanismes de protectionnisme, le jeu vidéo a été élevé au rang de culture dès 2006 sous Renaud Donnedieu de Vabres, sa production reste souvent considérée avec mépris. Selon Le Parisien, Fleur Pellerin avait notamment hérité du surnom dédaigneux de « ministre des jeux vidéo ». Plusieurs jeux vidéo français ont été mondialement reconnus pour leur apport à l’histoire du média, comme Another World, Alone in the Dark et Heavy Rain.

Très appréciée de l’industrie, elle avait été remplacée par Audrey Azoulay, qui s’était montrée très peu à l’aise sur ce dossier. Fin 2016, elle avait notamment annoncé un mécanisme d’aide à l’écriture de scénario de jeu vidéo, pour une enveloppe globale de 100 000 euros. Son approche littéraire incongrue dans un secteur technologique avait presque autant choqué que son montant dérisoire.