Défait par Del Potro, Federer ne retrouvera pas Nadal en demi-finale de l’US Open. / DON EMMERT / AFP

Au cœur d’une saison à laquelle ses plus fervents supporteurs n’osaient plus rêver, la sortie de Roger Federer aux portes du dernier carré à New York ferait presque tache. Eliminé en quarts de finale par la « Tour de Tandil », le Suisse a laissé échapper quatre balles de set dans la troisième manche, et autant d’occasions de prendre l’avantage sur son adversaire du soir. Une fébrilité dans les moments décisifs qu’il n’avait jamais laissé poindre cette année dans les tournois majeurs. « [Del Potro] a été meilleur aujourd’hui, surtout dans les points importants, reconnaissait Federer à l’issue de la rencontre. Il a plus de chances que moi de battre Rafa [en demi-finales]. Je ne jouais pas assez bien pour remporter le tournoi. »

Avec cette première défaite de l’année en Grand Chelem, Federer prive les amoureux du tennis d’un duel inédit avec Nadal sur le ciment new-yorkais et laisse l’Espagnol confortablement installé sur le trône du tennis masculin. Certes, « FedEx » avait toujours atteint la finale des tournois majeurs – Grands Chelems et Masters 1000 – inscrits à son calendrier 2017. Mais la surprise et la déception de son élimination par Del Potro doivent surtout au niveau de jeu et à la sérénité auxquels le Suisse nous avait habitués depuis le début de la saison.

Coup d’arrêt dans la course à la première place mondiale

Quand beaucoup le pensaient incapable d’ajouter un nouveau Grand Chelem à son record – stoppé à 17 trophées après sa victoire à Wimbledon en 2012 –, Federer a su revenir au plus haut niveau. Ni les pépins physiques, l’installation au sommet de la hiérarchie mondiale de joueurs plus jeunes (Djokovic, Murray) ou l’éclosion d’une génération promise au succès (A. Zverev, Rublev, Thiem, Shapovalov) ne l’ont empêché de s’imposer à nouveau dans des tournois parmi les plus prestigieux de son sport.

Il faut remonter au mois de juillet de l’année dernière pour trouver un début d’explication au retour en grâce de celui que d’aucuns considèrent comme le meilleur joueur de l’histoire. Au lendemain de son élimination en demi-finales de Wimbledon, Federer met prématurément fin à sa saison, la première vierge de titres depuis 2001. En cause ? Une vilaine blessure au genou qui l’avait déjà contraint de passer par la table d’opération quelques mois auparavant. Le Bâlois s’était déchiré le ménisque en préparant le bain de ses filles. Pas complètement remis, il avait donc tiré un trait sur les dernières échéances de l’année 2016, US Open et Jeux olympiques compris. A l’écart du circuit ATP, Federer s’est astreint à de longs mois d’entraînement, indispensables pour recouvrer ses pleines capacités et confiance dans un corps qui l’avait plutôt épargné depuis le début de sa carrière.

« Une saison merveilleuse »

Au renforcement physique le recordman du nombre de semaines passées au sommet du tennis mondial a couplé une mutation technique. Le Suisse a profité de cette longue parenthèse pour définitivement adopté une raquette au tamis plus large. Un changement de matériel – auquel Sampras s’est toujours refusé – indispensable pour adapter son jeu à des aptitudes nécessairement affectées par le passage du temps. « Ce tamis plus grand m’aide en retour et à rester agressif pendant l’échange, expliquait Federer pendant le tournoi d’Indian Wells, en mars dernier. Je pense que j’ai gagné en confiance. »

Les résultats de cette préparation sur mesure ne se sont pas fait attendre. Tombé à une anonyme 17e place mondiale, il s’impose dès le premier tournoi de sa saison 2017 : l’Open d’Australie. Près de cinq ans après sa dernière victoire en Grand Chelem, il est le premier joueur de plus de 35 ans à remporter un majeur depuis les années 1970. Une performance qu’il rééditera quelques mois plus tard à Wimbledon, sans céder le moindre set.

Quelques minutes après sa défaite contre Del Potro, Federer refusait de faire le bilan de ce qu’il considère lui-même comme « une saison merveilleuse ». Tout en se projetant vers les derniers tournois de son calendrier 2017 – dont le Masters de Paris à partir du 30 octobre, à Bercy –, l’actuel numéro 3 mondial confiait qu’il ne souhaitait qu’une chose : se reposer. De quoi inquiéter ceux qui se dresseront sur son passage à l’automne.