D’ici un an, les rues de Dijon Métropole et ses 24 communes s’éclaireront automatiquement, le soir tombé, au gré du passage des véhicules et des gens. Tout individu circulant pourra en temps réel se voir conseiller une déviation par les panneaux d’information de la ville, afin d’éviter un bouchon ou une rue bloquée par un incident. Avec un smartphone, chacun habitant pourra être informé du niveau de la qualité de l’air, trouver une place de stationnement sans avoir à faire trois fois le tour d’un pâté de maisons… L’usager pourra également signaler un accident survenant sur son trajet, la présence d’encombrants sur la voie publique ou encore le dysfonctionnement d’un service, afin de déclencher une intervention. Toutes ces informations qui lui seront fournies ou qu’il transmettra seront gérées par un seul et même centre de pilotage.

Jeudi 7 septembre, Dijon Métropole a donné le coup d’envoi de son projet de gestion « intégrée » de l’espace public. « Nous sommes en train d’inventer la ville 3.0, une nouvelle génération de ville intelligente », a lancé le maire (PS) de la ville et président de la métropole, François Rebsamen, en présence des entreprises retenues pour réaliser le projet. La capitale bourguignonne a attribué le contrat de réalisation à un consortium formé du groupe Bouygues, la filiale d’EDF Citelum, le groupe de gestion de l’eau et des déchets Suez et de la SSII Cap Gémini. « Un consortium de partenaires jamais lancé à l’échelle d’une métropole. Jusqu’à présent, ce type d’initiative n’avait porté que sur des îlots ou des quartiers », a tenu à souligner Martin Bouygues qui avait fait le déplacement.

Un centre de pilotage unique et connecté

Et François Rebsamen d’insister : « C’est un projet d’une ampleur inédite, qui embrasse l’ensemble des grandes fonctions urbaines ». Transport, éclairage public, vidéoprotection, feux tricolores, bornes d’accès au centre-ville : grâce à des capteurs, des caméras ou des véhicules géolocalisables (véhicules de police, bennes à ordures), les données de fonctionnement de l’ensemble des services et équipements publics de la métropole (256 000 habitants) remonteront, en temps réel, à un centre unique de pilotage. Opérationnelle à la fin de 2018, cette plate-forme de commandement se substituera aux différents postes de contrôle, comme celui de la police municipale, le PC Sécurité, ou l’e-administration (Allô Mairie). Le contrat de réalisation et d’exploitation de cet outil de gestion centralisée et connectée des équipements publics, inédit en France, s’élève à 105 millions d’euros sur douze ans, dont 53 millions d’investissements, le reste correspondant à des dépenses de fonctionnement.

« Remplacer les 34 000 points lumineux par des lampadaires équipés de LED générera 65 % d’économie d’énergie », fait valoir Henri Lafontaine directeur exécutif d’EDF chargé des clients et des services. Ce centre de pilotage centralisé « devrait représenter 15 millions d’euros d’économies sur la durée du contrat », affirme François Rebsamen.

Gouvernance locale de la donnée, ouverte aux citoyens

Surtout, en ambitionnant de devenir une « ville intelligente », Dijon Métropole espère renforcer l’attractivité de son territoire. D’autant que l’ensemble des données numériques de gestion de la ville, à l’exception des données personnelles permettant d’identifier un individu, seront libres d’accès. Les habitants pourront voir exactement comment les services publics sont gérés. « Nous, élus, avons besoin de recréer du lien avec nos concitoyens. Nous voulons ainsi donner la possibilité à tous ceux qui le veulent de s’exprimer pour améliorer le service public, d’être acteur de la gestion de la ville », explique M. Rebsamen.

« L’open data est un choix politique délibéré, insiste l’élu. Les données numériques qui remonteront au centre de pilotage sont un bien public, et hormis les données personnelles, l’intégralité sera accessible à tous. » Et celui-ci d’ajouter, sachant le sujet sensible : « Une gouvernance locale de la donnée, ouverte aux citoyens, va être mise en place. »

La métropole, qui s’est assurée de rester propriétaire des données collectées, parie aussi sur cette mise à disposition des données pour stimuler la créativité de développeurs et de start-up, et les inciter à développer de nouveaux services, de nouvelles applications grand public pour les habitants de Dijon Métropole. Comme pour ceux des villes qui, à l’avenir, emboîteront le pas de Dijon et feront le choix de l’open data.