LES CHOIX DE LA MATINALE

Au programme ce week-end : des œuvres d’art dans les chapelles du Morbihan ; de la danse à Biarritz ; les photos de la bataille de Mossoul à Perpignan ; des visites contées au Quai Branly ; le trio culotté des Coquettes au Grand Point Virgule ; le Coconut Music Festival à Saintes ; une exposition collective de street art au K13 et l’acrobate Yoann Bourgeois dans le Marais.

PATRIMOINE. Un dialogue entre art et sacré, dans le Morbihan

A Pontivy (Morbihan) et dans une douzaine de villages environnants, le sacré et l’art contemporain ont des choses à se dire. Lancé en 1992, le festival L’Art dans les chapelles développe son concept singulier : demander à des artistes de créer des œuvres pensées pour être exposées dans des édifices consacrés au culte. La plupart des chapelles retenues n’ouvrent leurs portes aux fidèles qu’une fois par an, pour des messes de pardon de la mi-août. Sur les murs de la chapelle Sainte-Tréphine de Pontivy, le Néerlandais Henri Jacobs a ainsi peint des cercles bleus faisant écho aux médaillons du plafond qui retracent l’histoire de la sainte (décapitée par son mari au VIe siècle). A la chapelle Saint-Jean, sur la commune du Sourn, l’Américaine Polly Apfelbaum a suspendu des morceaux de céramique rappelant les vitraux de style gothique, éclats qui symbolisent aussi les notes d’une méthode parallèle d’écriture de la musique (shape notes). Deux contraintes sont imposées aux artistes : ne pas intervenir dans le chœur et utiliser des matériaux traditionnels. Frédéric Potet

L’Art dans les chapelles, pays de Pontivy, vallée du Blavet. Jusqu’au 17 septembre.

FESTIVAL. Biarritz aime la danse

« Les nuits barbares ou les premiers matins du monde », de la compagnie Hervé Koubi, l’un des spectacles présentés au festival Le Temps d’aimer la danse. / NATHALIE STERNALSKI

Le festival Le Temps d’aimer la danse, piloté par le chorégraphe Thierry Malandain, qui se déroule du 8 au 17 septembre, à Biarritz, assume toujours son titre sentimental en ouvrant large les bras à tous les styles de danses. Pour cette nouvelle édition qui joue la carte spectacles en plein air – la scène sur le Port Vieux est un régal sur fond marin – et en salle, la manifestation accueille près de vingt-cinq compagnies. Jonglant entre le contemporain (Jean-Claude Gallotta, Emilio Calcagno), le hip-hop (Pockemon Crew), traversant les frontières jusqu’à Tel-Aviv avec la Kibbutz Contemporary Dance Company et les océans jusqu’à Bogota avec la Compania de Danza, elle dessine une cartographie touffue de la création chorégraphique. Elle multiplie aussi les codes d’accès à la danse en invitant le public à une Giga-barre ouverte à tous, un atelier bal, différents ateliers de découverte et des spectacles jeune public. Rosita Boisseau

Le Temps d’aimer la danse, Biarritz. Tél. : 05-59-22-37-87. Jusqu’au 17 septembre. De 8 € à 40 €.

PHOTOGRAPHIE. La bataille de Mossoul sous tous les angles, à Perpignan

Naji, un soldat irakien, dans le souk de Mossoul (Irak), le 19 mars 2017. / LAURENT VAN DER STOCKT POUR  LE MONDE

La chute de Mossoul, longue bataille de neuf mois dans une ville encore peuplée de civils et défendue jusqu’à la mort par les soldats de l’Etat islamique, a été suivie de près par plusieurs photojournalistes. Elle est à l’honneur du festival Visa pour l’image de Perpignan, qui lui consacre pas moins de trois expositions : celle de Lorenzo Meloni, qui a suivi le recul de l’Etat islamique dans plusieurs villes, celle d’Alvaro Canovas, pour Paris Match, et celle de Laurent Van der Stockt, qui a couvert toute la bataille pour le journal Le Monde en compagnie de la « Division d’or », force antiterroriste irakienne confrontée aux attaques régulières des voitures-suicides. Les autres expositions, toutes gratuites, concernent aussi bien la crise au Venezuela, la pollution en Chine, les musulmans à Cuba que les réfugiés afghans aux Etats-Unis. Claire Guillot

Festival Visa pour l’image, expositions dans différents lieux de la ville. De 10 heures à 20 heures. Jusqu’au 17 septembre. Projections au Campo Santo et rencontres au Palais des Congrès jusqu’au 9 septembre. Gratuit.

VISITES CONTÉES. Voyages en histoires au Quai Branly, à Paris

L’une des salles d’exposition du Musée du quai Branly-Jacques Chirac à Paris. / ANDREAS PRAEFCKE / DOMAINE PUBLIQUE / WIKIMEDIA COMMONS

Le Musée du quai Branly-Jacques Chirac propose depuis plusieurs années une façon originale de (re)découvrir ses collections permanentes grâce à des visites guidées par des conteurs et conteuses. A travers des récits et parfois des chansons, le public est invité à parcourir le musée à la découverte de multiples trésors (objets de culte, vêtements, parures, œuvres en tous genres, instruments de musique, etc.) venus des quatre coins de la planète. Ces visites contées des collections sont réparties par continents (Afrique, Amériques, Asie, Océanie) ou par thèmes (« Autour du monde », « Devins et sorciers »…). Elles s’adressent en général à toute la famille, aux enfants à partir de 6 ans, sauf pour la visite « Autour du monde », qui convient aux 3-5 ans, et pour « La visite mythique », plutôt destinée aux adolescents. Ainsi, le temps d’un week-end, pourquoi ne pas partir à la découverte d’œuvres d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques grâce à un mélange de contes, de comptines et de jeux ou tenter de percer les secrets des devins, sorciers, chamanes et guérisseurs au fil d’un parcours en histoires à travers les collections d’objets rituels et de pouvoir. Cristina Marino

Visites contées des collections, Musée du quai Branly-Jacques Chirac, 37, quai Branly, Paris 7e. Les 9 et 10 septembre. Réservation conseillée au 01-56-61-71-72 (du lundi au vendredi de 9 h 30 à 17 heures). Tarifs : 18 € et 16 € (avec le billet d’entrée pour le musée).

HUMOUR. Le culot des Coquettes au Grand Point Virgule, à Paris

Affiche (détail) du spectacle des Coquettes au Grand Point Virgule à Paris. / JMD PROD

Quand on découvre Les Coquettes, on pense bien sûr aux Andrews Sisters, pour leur swing, leurs voix qui s’accordent si bien et l’ambiance cabaret dans laquelle elles nous plongent. Mais là s’arrête la comparaison. Car si ces trois jeunes femmes ont fait le choix, pour leur premier spectacle, de mélodies rétros, elles y ont adjoint des textes coquins et impertinents. Ce trio dégage une gaîté communicative. Accompagnées d’un pianiste, alternant sketchs et chansons, Les Coquettes ont une vision bien à elles du féminisme. Marie Facundo, cash et fonceuse, au débit de mitraillette, est une cheftaine version Louis de Funès. Lola Cès, la rigolote à lunettes, gourmande et pipelette, imite l’accent belge comme personne et sa franchise est comme une deuxième nature. Juliette Faucon, au physique de mannequin, cache derrière son côté fleur bleue une spontanéité déconcertante. Ces trois complices se chipotent, s’asticotent, se moquent d’elles-mêmes et de leurs congénères minaudeuses. Parlent de sexe, de drague mais aussi d’amitié, du temps qui passe et se régalent des mots polysémiques (comme « chatte », par exemple !). Sandrine Blanchard

Les Coquettes au Grand Point Virgule, 8 bis, rue de l’Arrivée, Paris 15e. Tél. : 01-42-78-67-03. Du mercredi au samedi à 19 h 45. Jusqu’au 16 septembre et du 27 septembre au 21 octobre. Tarifs : de 16 € à 40 €.

POP. Le Coconut Music Festival à Saintes

Ata Kak - Daa Nyinaa
Durée : 03:32

Pas rare de voir, ces dernières années, des musiciens prendre en main l’organisation de festivals. Amaury Ranget, percussionniste du groupe Frànçois and the Atlas Mountains, soutenu par d’autres artistes de la bouillonnante scène pop charentaise (Petit Fantôme, Babe…), a créé à Saintes (Charente-Maritime) le Coconut Music Festival. Organisé, du 7 au 10 septembre, dans une ancienne paroisse bénédictine, l’Abbaye aux Dames, l’événement célèbre en particulier les rapprochements entre rock, électro, folk, pop et continent africain. A l’affiche, cette année, des copains – Frànçois and the Atlas Mountains, Petit Fantôme… –, les chansons synthétiques de l’ultra sensible Kelly Lee Owens, les échantillonnages fantasques de Jacques, mais aussi la techno orientale d’Acid Arab, la Marocaine Hindi Zhara revisitant le blues avec l’Ivoirienne Fatouma Diawara ou l’artiste house ghanéen, Ata Kak. Stéphane Davet

Coconut Music Festival, à Saintes, dans l’Abbaye aux Dames. Jusqu’au 10 septembre. 17,49 €.

STREET ART. Le K13, squat graffiti parisien, expose ses talents avant fermeture

EMMANUELLE JARDONNET

C’est une façon de clore l’aventure en beauté : dimanche 10 septembre, le K13, squat associatif et artistique dédié aux arts urbains qui avait ouvert ses portes en janvier dans un immeuble de la Mairie de Paris sous concession, organise son baroud d’honneur sous la forme d’une grande exposition collective. Pour la première fois, tous les espaces de l’immeuble seront ouverts au public, du porche d’entrée jusqu’au toit, en passant par les cinq appartements, transformés en ateliers et studio d’enregistrement. Parmi les œuvres présentées : celles du Japonais Kome, du Tunisien Meen, les pochoiristes Guaté Gao ou Nobad, un grand portrait de D3Two, des fresques du tatoueur et graffeur Jallal, Crey132, Lady K, Tore OC, Comer, des pandas de Doudou Style… Au programme : des ventes de toiles, de sculptures ou d’objets customisés, mais aussi du light painting, bodypainting ou encore les travaux de trois photographes. Parmi les grands noms venus apporter leur soutien au lieu : une fresque du graffeur et réalisateur Orel est attendue dans l’escalier, tandis que sur le toit, les visiteurs pourront découvrir un affichage monumental signé JR. Emmanuelle Jardonnet

Dimanche 10 septembre de 10 heures à 20 heures au 148, rue Tolbiac, Paris 13e. Le lieu restera ouvert au public chaque jour jusqu’à la date de remise des clés, courant septembre. Entrée libre.

DANSE. La chute selon Yoann Bourgeois, à Paris

Le tryptique « Fugue/Trampoline » de Yoann Bourgeois. / CIE YOANN BOURGEOIS

Avec Fugue/Trampoline, spectacle entre cirque et danse pour un homme et un objet, l’acrobate et artiste de cirque Yoann Bourgeois, codirecteur du Centre chorégraphique national de Grenoble, valorise avec finesse sa recherche autour de la suspension. Partition de chutes et de rebonds d’une infinie flexibilité, cette performance sur la musique Métamorphosis n° 2, de Philip Glass, offre une synthèse de la recherche et de l’identité esthétique de Bourgeois. Entre un escalier et un trampoline, il imagine un entrelacs de pas et de sauts qui sans cesse rejaillissent. Une étude magnétique sur l’attrait du vide, de la chute et du vertige, dans le cadre du festival Les Traversées du Marais, dans la Halle du Carreau du Temple. R. Bu

« Fugue/Trampoline », de Yoann Bourgeois. Festival Les Traversées du Marais, Halle du Carreau du Temple, Paris 3e. Tél. : 01-83-81-93-30. Dimanche 10 septembre, entre 15 heures et 17 heures, toutes les trente minutes. Entrée libre.