Ce fut une très longue journée d’attente pour les secours, sur le port de Pointe-à-Pitre. De là, les quelque 170 personnels arrivés avec la ministre des outre-mer, Annick Girardin, ainsi que plusieurs dizaines de gendarmes et de sapeurs-pompiers guadeloupéens doivent rejoindre les « îles du nord » de l’arc antillais, Saint-Martin et Saint-Barthélemy. Mais jeudi 7 septembre en fin d’après-midi, alors que des trombes d’eau s’abattaient sur la ville, personne n’avait encore fait le moindre mouvement en direction des deux îles ravagées par le cyclone Irma.

« Il faudrait que l’on ne perde pas trop de temps si nous voulons être efficaces, notamment pour retrouver d’éventuelles personnes coincées sous des décombres », témoigne un sapeur-pompier venu d’Ile-de-France. L’impatience est la même chez les personnels soignants, médecins, chirurgiens, infirmiers et anesthésistes, mobilisés dans le cadre de la réserve sanitaire, l’Equipe de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (EPRUS). « Nous sommes là pour apporter l’assistance médicale, que ce soit dans les urgences, dans le rapatriement des blessés vers la Guadeloupe ou dans l’installation d’un hôpital de campagne », explique Joël Pannetier, médecin urgentiste et responsable des vingt professionnels venus de métropole.

Les plus patients, malgré la chaleur intense, sont les quatre bergers belges malinois, des chiens venus avec leurs maîtres, des sapeurs-pompiers, pour détecter l’éventuelle présence de personnes sous les innombrables décombres des bâtiments détruits. Pour l’heure, les autorités restent prudentes quant à ce que sera le bilan final de la catastrophe.

Bâcher les bâtiments sans toit

Beaucoup de routes, de villages et même de quartiers de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy restent difficiles d’accès. Le lieutenant Adrien Parmentier, de la sécurité civile, venu de Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir) – un autre détachement provient, lui, de Brignolles (Var) – détaille l’important matériel apporté, notamment pour bâcher les nombreux bâtiments qui ont perdu leur toit et rétablir les voies de communication, et pour tout ce qui doit permettre de monter un camp.

Parmi les dizaines de personnes qui n’ont cessé de tourner en rond jeudi se trouvaient aussi les agents de la direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DEAL) de Guadeloupe. « Notre première mission est d’empêcher toutes les pollutions qui pourraient survenir des nombreuses stations à essence de l’île. Nous devons éviter tout danger supplémentaire », explique Alexandre Bergé de la DEAL. A charge aussi pour les deux hommes, venus épauler leur collègue de Saint-Martin, d’inspecter le bâti qui est resté debout malgré l’ouragan. « Il faut nous assurer que tout cela tient avant d’envisager des travaux, de poser un toit et, surtout, avant l’arrivée de José, le prochain événement cyclonique », précise M. Bergé.

En milieu d’après-midi, enfin, le scénario s’est précisé à Pointe-à-Pitre quant à l’acheminement des hommes et des femmes venus porter secours, avec des dizaines de tonnes de matériel. Trois bateaux, de capacités respectives de 250, 175 et 75 places, devaient se présenter au quai et repartir en fin de soirée pour débarquer les secours, vendredi matin vers 6 ou 7 heures. Une partie des gendarmes semblaient, quant à eux, avoir choisi la voie des airs, la piste de l’aéroport de Saint-Martin (côté français) ayant été remise en service.

Le temps presse, car outre la nécessité de porter assistance aux victimes, de restaurer l’électricité, d’assurer la livraison d’eau potable ou encore de consolider les bâtis à moitié détruits, la perspective de l’arrivée du prochain ouragan, José, attendu samedi sur ces îles, devrait bloquer à nouveau tout mouvement maritime et aérien.

Comment les ouragans sont-ils classés ?
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