Lors de la manifestation « pour la liberté vaccinale » le 9 septembre à Paris. / JACQUES DEMARTHON / AFP

Près de 300 personnes se sont rassemblées, samedi 9 septembre en début d’après-midi, devant le ministère de la santé, à Paris, pour dénoncer le projet du gouvernement de passer, à partir du 1er janvier 2018, de trois à onze le nombre de vaccins obligatoires pour les enfants de moins de deux ans. Dénonçant un projet « liberticide », les manifestants ont scandé « Liberté ! Liberté ! » et hué le nom des laboratoires producteurs de vaccins, en particulier celui de Sanofi-Pasteur. A la tribune, des Italiens, des Roumains sont venus témoigner des mobilisations en cours dans leurs pays contre l’extension de l’obligation vaccinale.

Mot d’ordre officiel du rassemblement : la « liberté vaccinale ». Pas question pour les organisateurs – réunis sous la bannière « Ensemble pour une vaccination libre » – de laisser le mouvement se résumer aux « anti-vaccins ». « Il n’y a ni épidémie ni urgence de santé publique » à passer à onze le nombre de vaccins obligatoire, fait ainsi valoir le tract distribué samedi après-midi. Sur les pancartes, des slogans tels que « Non à la dictature vaccinale », « Big Pharma ne doit pas faire les lois » ou « Nos enfants ne sont pas des cibles pour les labos ».

Parmi les manifestants, Augustin de Livois, le président de l’Institut pour la protection de la santé naturelle, l’association qui a initié le recours devant le Conseil d’Etat pour faire constater la pénurie de vaccins DTP (diphtérie, tétanos et la poliomyélite, le seul pour l’instant obligatoire). Jacques Bessin, le président de l’Union nationale des associations citoyennes de santé et farouche opposant aux vaccins, était également présent.

« Le vaccin contre l’hépatite B me fait peur »

Pour autant, tous les participants ne sont pas des militants associatifs de longue date. Plusieurs jeunes parents non encartés sont venus dire leur inquiétude. Aude, une infirmière de 34 ans, juge par exemple que son petit garçon âgé de six mois est « trop jeune pour recevoir onze valences ». Elle assure qu’elle ne lui fera pas d’autres vaccins que le DTP et la coqueluche et se dit prête à arrêter de travailler pour prendre en charge son éducation s’il ne devait plus être admis à l’école.

Dominique, une maîtresse d’école de 34 ans et mère de trois enfants, annonce qu’elle réfléchira à « partir vivre en Allemagne » si onze vaccins devenaient obligatoires. « On aime notre pays mais pas autant que nos enfants », explique son mari. En attendant, juge Dominique, « on va faire l’autruche et espérer qu’on ne nous demande rien ».

« On va essayer de trouver un médecin assez ouvert d’esprit pour en discuter », espère Charlotte, une Parisienne de 28 ans, qui espère décrocher un certificat de contre-indication pour que son enfant soit accepté à l’école. Elle reconnaît avoir déjà essuyé huit refus de pédiatres. « Certains m’ont traitée de mauvaise mère, de folle, dit que j’allais tuer mes enfants… » Pour autant, elle admet qu’elle ne mettra pas en jeu la garde de son fils pour cette raison.

« Si les onze vaccins sont obligatoires, on n’aura pas le choix, on les fera », témoigne Laura, une ingénieure de 34 ans. Elle assure ne pas être contre les vaccins, ses enfants ont d’ailleurs été vaccinés contre sept maladies, mais elle aimerait « avoir le choix ». « Je voudrais choisir le risque que je juge le moins probable, dit-elle. Le vaccin contre l’hépatite B me fait peur. »

Delphine, 37 ans, assure pour sa part qu’elle continuera à ne pas vacciner ses enfants. « Il suffit d’être avec un médecin conciliant », raconte-t-elle. « Au 1er janvier, cela ne changera donc rien pour moi sauf que je serai encore plus hors-la-loi que je ne le suis maintenant. »