L’ambassadrice américaine à l’ONU, Nikki Haley, le 4 septembre à New York. / Bebeto Matthews / AP

Les Occidentaux veulent mar­quer le coup avec un durcissement sans précédent des sanctions internationales dans l’espoir de contraindre Pyongyang à négocier. « Il faut une réponse à la hauteur du défi stratégique et de la menace », souligne-t-on à Paris, où l’on réaffirme que l’objectif ultime est un démantèlement « irréversible et vérifiable » du programme nucléaire nord-coréen. L’essai du 3 septembre, avec une charge de plus de 100 kilotonnes qui pourrait être une bombe H, et les succès balistiques du régime montrent que la Corée du Nord est en passe de se doter beaucoup plus vite que prévu d’une arme atomique opérationnelle.

Paris comme Londres soutiennent le projet de résolution présenté par Washington, qui prévoit des mesures encore plus radicales que celles prises le 5 août, avec la résolution 2371, à la suite de deux tirs de missiles intercontinentaux. Ce texte devrait être soumis au vote du Conseil de sécurité, lundi 11 septembre.

« Seules les mesures les plus fortes possibles nous permettront de résoudre ce problème par la diplomatie », a rappelé en début de semaine l’ambassadrice américaine à l’ONU, Nikki Haley. Le projet de résolution américain prône un embargo pétrolier total sur la Corée du Nord mais aussi l’interdiction de toute embauche de travailleurs détachés nord-coréens. Tous les avoirs à l’étranger du président nord-coréen, Kim Jong-un, et de quatre autres dirigeants du pays seraient gelés et ils seraient interdits de déplacement à l’étranger. Les navires nord-coréens ou placés sur liste noire par les Nations unies pourraient être inspectés en haute mer.

Dans l’état, le texte est inacceptable pour la Chine comme pour la Russie, qui avaient néanmoins voté la résolution 2371, déjà beaucoup plus dure que les sept trains de sanctions précédents déci­dés depuis 2006, après le premier essai nucléaire nord-coréen. « On cherche le point d’équilibre », souligne-t-on à Paris.

« Apaiser la situation »

Le président chinois, Xi Jinping, a appelé le 8 septembre son homologue Emmanuel Macron afin que la France « joue un rôle constructif pour apaiser la situation et relancer le dialogue ». Principal soutien et partenaire économique de Pyongyang, Pékin s’inquiète des initiatives de Kim Jong-un et des risques de déstabilisation régionale, mais affirme que les sanctions ne représentent « que la moitié de la solution ». La Russie, quant à elle, semble bien décidée à faire entendre sa différence. Le président russe, Vladimir Poutine, lors de sa rencontre, le 6 septembre, à Vladivostok, avec le premier ministre japonais, Shinzo Abe, et le président sud-coréen, Moon Jae-in, martelait que les sanctions étaient « inefficaces » et que les Nord-Coréens « sont prêts à manger de l’herbe s’ils ne se sentent pas en sécurité ».

L’Union européenne prépare aussi de nouvelles sanctions. « Lorsqu’il y aura des missiles balistiques nucléaires nord-coréens, et c’est pour bientôt, la sécurité de l’Europe sera en jeu », a souligné le ministre français des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, à l’issue d’une réunion à Tallinn, le 8 septembre, des ministres des affaires étrangères des Vingt-Huit.

La haute représentante Federica Mogherini a affirmé que ces « mesures autonomes », que les Européens espèrent voir appliquées aussi par les pays tiers, iraient plus loin que de possibles nouvelles sanctions onusiennes. Les échanges entre l’UE et la Corée du Nord ne dépassaient pas 27 millions d’euros en 2016. Les seules mesures un peu concrètes, à ce stade, ont été évoquées par le ministre allemand Sigmar Gabriel : l’in­terdiction, pour des navires nord-coréens, de s’amarrer dans des ports européens et, pour un pays de l’Union, d’employer de la main-d’œuvre nord-coréenne.