Il ne lui restait plus que deux étapes, mais Alberto Contador a soigné sa sortie. A la veille de la fin de la Vuelta, le cycliste espagnol s’est imposé une dernière fois en montagne, lors d’une étape de 118 kilomètres entre Corvera de Astuarias et Alto de l’Angliru. Le coureur espagnol a devancé Wout Pouels et Chris Froome de 17 secondes.

Vincenzo Nibali a, pour sa part, concédé 51 secondes sur le vainqueur du jour, suffisant pour conserver sa deuxième place au général. Chris Froome (Sky) reste donc leader avec désormais plus de deux minutes d’avance sur le requin de Messine. L’ultime étape de la Vuelta partira demain d’Arroyomolinos direction Madrid pour la remise des trophées.

L’Espagnol l’avait annoncé en août dernier : ce Tour d’Espagne serait son dernier. Un tour d’honneur pour celui qui avait remporté deux Tours de France (en 2007 et 2009), deux Tours d’Italie (en 2008 et 2015) et trois Tours d’Espagne (en 2008, 2012, et 2014). Deux autres Tours (celui de 2010 en France, et celui de 2011 en Italie), lui avaient été retirés pour dopage.

Imprévisiblement prévisible

Âgé de 34 ans, le natif de Pinto, la banlieue sud de Madrid, était connu pour préférer durcir la course que la subir et, lorsque son physique ne lui a plus permis d’écarter facilement la concurrence, il s’est résolu à des stratégies plus inventives et inattendues… au point que même ses attaques loin de l’arrivée sont devenues prévisibles.

Le coureur de 34 ans (Trek) a pourtant réussi une nouvelle fois à surprendre ses adversaires et a remporté en solitaire cette 20e étape, à la veille de raccrocher définitivement son vélo dimanche soir.

Le Contador de retour de suspension, malgré ses dénégations sur la question du dopage, s’est sans doute attaché plus de sympathie de la part du public en gagnant de façon moins aérienne mais plus spectaculaire. Son comportement en course et sa disponibilité en dehors lui valent d’ailleurs d’être cité en modèle par de jeunes coureurs, preuve que son nom n’est plus associé, dans le milieu, à des pratiques interdites.

Tournée d’adieu sur le Tour d’Espagne

Il traîne dans le peloton une réputation de coureur obsédé par son métier, par la mécanique, résilient face aux sacrifices de l’entraînement — stages de trois semaines en altitude, comme à l’isolement. Renfermé, aussi, sur un clan réduit à son frère et agent, Fran Contador, son mécanicien, Faustino Munoz, son équipier de toujours, Jesús Hernandez, et son attaché de presse, Jacinto Vidarte. Ce qui n’alla pas sans histoires dans ses équipes successives.

Ces dernières années, dans un cyclisme corseté par la Sky et son leader Chris Froome, au style inesthétique, la présence de Contador était l’espoir d’une course débridée, rendue aux individus : il était souvent isolé au sein de son équipe et ne se laissait pas dicter de tactique. Mais sa prestation lors du dernier Tour de France (neuvième à Paris), à la fois courageuse et pathétique par moments, a fini de convaincre, lui ou son équipe Trek-Segafredo, de la nécessiter d’arrêter là, après une dernière tournée en Espagne, où son prestige est intact.

Après ce probable dernier succès en quatorze années de carrière (à moins d’une victoire surprise demain à Madrid), Alberto Contador peut quitter le monde cycliste la tête haute : quatrième du classement général, et vainqueur d’une étape mythique, l’Espagnol a su soigner sa sortie.