Big bang dans le petit monde des think tanks. Déçus par la « macronphilie » de la plupart des cercles de réflexion actuels, une poignée de hauts fonctionnaires et d’universitaires ont décidé de lancer une nouvelle fondation, baptisée L’Hétairie, du nom de ces clubs qui réfléchissaient à la démocratie sous la Grèce antique. Objectif ? « Produire et diffuser une réflexion de gauche sur l’ensemble des sujets qui structurent la vie politique française », précise un communiqué publié jeudi 7 septembre par l’association.

« Nous regroupons des gens qui ont souffert des renoncements ou des changements de braquet intervenus lors du dernier quinquennat et qui veulent aujourd’hui porter un vrai projet de réforme de la gauche », précise Floran Vadillo, le président de L’Hétairie, ancien conseiller de Jean-Jacques Urvoas au ministère de la justice, aujourd’hui cadre chez Sopra Steria. L’association revendique déjà une soixantaine de membres, essentiellement des « trentenaires et quarantenaires », souvent passés par des cabinets ministériels, et compte produire plusieurs notes chaque mois.

« Nous n’avons pas vocation à être le porte-flingue du PS »

La première, publiée jeudi et consacrée à « L’exercice du pouvoir selon Emmanuel Macron », donne le ton. Le chef de l’Etat y est accusé de « présidentialisme technocratique », de vouloir installer un « Etat Macron » où l’administration centrale prend le pas sur le gouvernement et le Parlement, d’obéir à « un réflexe de caste » en confiant les rênes du pouvoir aux hauts fonctionnaires. « Le recours aux ordonnances [pour réformer le code du travail] marque le triomphe de la technocratie qui estime produire des monuments de technicité qu’un débat parlementaire viendrait gâter, là où bien souvent elle sécrète un droit bureaucratique », est-il écrit.

Pour autant, L’Hétairie assure ne pas vouloir être dans l’opposition systématique au président de la République. « Quand le gouvernement fera des choses positives, on le soulignera », assure M. Vadillo. S’il se veut « résolument de gauche », pas question non plus d’être inféodé au Parti socialiste. « Nous n’avons pas vocation à être le porte-flingue du PS, nous voulons porter le débat d’idées et réfléchir sans subir les contraintes partisanes », précise l’ancien conseiller. Les prochaines notes, qui porteront sur le budget, le projet de loi antiterroriste ou la politique de santé, en donneront un premier aperçu.