Sloane Stephens après sa victoire lors de la finale de l’US Open, le 9 septembre. / JEWEL SAMAD / AFP

Éloignée des terrains de tennis pendant onze mois, l’Américaine Sloane Stephens a fait samedi 9 septembre une entrée fracassante et émouvante dans le club des joueuses sacrées en Grand Chelem, en battant sa compatriote et grande amie Madison Keys 6-3, 6-0 en finale de l’US Open.

Elles sont restées de longues minutes dans les bras l’une de l’autre, en larmes, au milieu du Arthur Ashe Stadium, comme pour garder à tout jamais le souvenir de ce moment unique.

Les deux copines, complices, se sont ensuite assises l’une à côté de l’autre – comme l’avaient fait avant elles les Italiennes Roberta Vinci et Flavia Pennetta après la finale de l’US Open 2015 – entre rires et larmes, pour attendre la cérémonie protocolaire, comme s’il s’agissait d’un simple tournoi régional.

Mais l’une est devenue, à 24 ans, reine de New York et a décroché le titre le plus important de sa carrière, sans compter un chèque de 3,7 millions de dollars (3,07 millions d’euros), au terme d’un improbable parcours et au détriment de l’autre.

« J’ai été opérée le 23 janvier et si on m’avait dit alors que je gagnerais l’US Open, j’aurais dit que c’était absolument impossible », a rappelé Stephens, victime d’une fracture de fatigue à un pied en août dernier.

957e mondiale en juillet

Plus encore que son triomphe ou sa longue pause forcée qui l’a vue sombrer au-delà de la 900e place mondiale (957e), elle s’est attardée dans un discours très émouvant, épilogue d’une finale largement décevante, sur son amitié avec son adversaire du jour.

« Mad est ma meilleure amie. Il n’y a personne que j’aurais voulu davantage affronter à cette occasion. Je lui ai dit que j’aurais bien voulu que ça soit un match nul. Je sais que la réciproque aurait été vraie. C’est ça la vraie amitié », a-t-elle insisté devant 20 000 spectateurs, dont ses proches et son compagnon, l’international américain de football Jozy Altidore.

La Floridienne, fille d’une ancienne nageuse de haut-niveau et d’un joueur de football américain décédé dans un accident de voiture, a aussi donné un sérieux coup de jeune au tennis américain qui a, en l’absence de sa reine Serena Williams, jeune maman, placé quatre représentantes en demi-finales.

Elle est la première Américaine sacrée en Grand Chelem depuis Jennifer Capriati à l’Open d’Australie 2002, et à l’US Open depuis Lindsay Davenport en 1998, qui ne s’appelle pas Venus ou Serena Williams.

Revenue sur le circuit fin juillet, Stephens, qui va bondir à la 17e place mondiale lundi, avait déjà surpris son monde en atteignant les demi-finales des tournois de Toronto et de Cincinnati en août, juste avant l’US Open.

« Maintenant la retraite »

Après avoir éliminé notamment l’Italienne Roberta Vinci au 1er tour, la Slovaque Dominika Cibulkova au tour suivant et surtout sa compatriote Venus Williams en demi-finales, Stephens a nettement dominé Keys, beaucoup trop nerveuse.

Elle a fait le break dès le cinquième jeu et n’a jamais été mise en danger dans un premier set empoché en 30 minutes de jeu avec 17 fautes directes de Keys.

Keys, opérée à deux reprises d’un poignet en 2017, n’a pas trouvé de solution dans la seconde manche où elle a perdu pied.

Toujours aussi fébrile face à une Stephens implacable (6 fautes directes seulement contre 30 à son adversaire), la 16e mondiale a perdu son service d’entrée pour être menée 3 à 0, puis a concédé encore sa mise en jeu sur une énième faute directe.

Mené 4-0, elle s’est offert trois balles de debreak repoussées avec autorité par Stephens, puis a laissé la victoire à la troisième balle de match, après 61 minutes de jeu. « Maintenant, je devrais prendre ma retraite, a plaisanté Stephens. J’ai dit à Madison que je ne pourrais jamais connaître un moment plus fort que celui-ci ».