Le pape François à Medellín, en Colombie, le 9 septembre. / Fernando Vergara / AP

Le pape François a terminé dimanche 10 septembre sa visite en Colombie en l’appelant à consolider la paix, après les accords signés en novembre 2016, avec les dernières guérillas du pays pour clore une guerre fratricide de plus d’un demi-siècle.

« A la culture de la mort, de la violence, répondons par la culture de la vie, de la rencontre », a lancé le souverain pontife à Carthagène des Indes lors de la dernière messe de son voyage.

Le souverain pontife, promoteur de la paix signée avec la guérilla des Farc et du cessez-le-feu avec l’ Armée de libération nationale (ELN), s’est fait l’apôtre « d’un accord pour vivre ensemble, d’un pacte social et culturel », rappelant que « cela fait des décennies que la Colombie cherche la paix à tâtons ».

Bogota est sur le point de clore un conflit qui a impliqué guérillas, paramilitaires et forces de l’ordre, faisant plus de 260 000 morts, 60 000 disparus et 7,1 millions de déplacés. Recherchant une « paix complète », le gouvernement négocie actuellement avec l’ELN. Deux jours avant l’arrivée du pape, a été conclu le premier cessez-le-jeu bilatéral jamais obtenu avec cette guérilla, la dernière active. Les fusils devraient se taire le 1er octobre pour trois mois, renouvelables.

Appel contre la violence au Venezuela

Plus tôt, après la prière de l’Angelus dans l’église de San Pedro Claver, un jésuite comme lui et défenseur des esclaves dans les Caraïbes colombiennes du XVIIe siècle, François avait appelé à trouver une issue au Venezuela.

« Je prie pour chacun des pays latino-américains, et de manière spéciale pour le Venezuela voisin », a déclaré le pape argentin, avec « un appel pour que tout genre de violence soit rejeté dans la vie politique et qu’on trouve une solution à la grave crise en cours ».

François avait déjà évoqué le Venezuela le jour de son arrivée en Colombie mercredi et rencontré à Bogota des évêques et des cardinaux de ce pays en plein marasme politique et économique.

Parmi les plus de 300 000 Vénézuéliens vivant en Colombie, des milliers sont arrivés récemment, fuyant les pénuries et les manifestations contre le président Nicolas Maduro, qui ont fait plus d’une centaine de morts depuis avril.

Accident à bord de la papamobile

En dernière étape, François avait choisi Carthagène, la perle touristique et coloniale des Caraïbes, mais aussi la ville colombienne où les inégalités sont les plus criantes, entre hôtels de luxe et bidonvilles.

Il en est reparti avec un oeil au beurre noir qui a été très médiatisé. En parcourant le quartier pauvre de San Francisco, la papamobile a brusquement freiné devant la foule. Le pape âgé de 80 ans s’est cogné contre une paroi vitrée du véhicule et légèrement blessé à l’arcade sourcilière, ainsi qu’à la pommette gauche.

Collé à la piste de l’aéroport international, San Francisco illustre le fossé social qui divise Carthagène, où le taux de pauvreté est le plus élevé du pays et dont le maire, ainsi que d’autres responsables, sont emprisonnés pour corruption. La Colombie est le pays le plus inégalitaire d’Amérique latine, après le Honduras, selon la Banque mondiale.

« Nous avons foi dans la visite de François à ce quartier d’oubliés (...) Le plus grave ici c’est la corruption. C’est pire que les balles de la guérilla et les paramilitaires », a déclaré Willy Martinez, un ouvrier de 43 ans, vêtu entièrement de blanc pour l’occasion et coiffé d’une casquette à l’effigie du pape.