Infographie / Le Monde

Irma poursuit sa course le long des côtes de la Floride. Rétrogradé en catégorie 1 lundi 11 septembre, l’ouragan balaye, en s’affaiblissant, la côte ouest de l’Etat, avec des vents allant jusqu’à 155 km/h. Il s’est d’abord abattu dimanche matin sur l’archipel des Keys, soufflant en rafales brutales, enregistrées à 215 km/h.

Alors classé en catégorie 4, sur une échelle de 5, l’ouragan a dévoré bateaux et maisons, abandonnés par les habitants de ce chapelet d’îles au large de la Floride continentale. Il s’était auparavant abattu sur Cuba, samedi, provoquant de lourds dégâts matériels mais n’occasionnant pas de victime. Son passage a en revanche fait au moins 27 morts dans les Caraïbes depuis mercredi.

Irma, né à la fin d’août au large des côtes africaines, a battu le record du supertyphon Haiyan, en 2013, aux Philippines, en générant des vents à 295 km/h pendant plus de trente-trois heures, contre vingt-quatre heures pour Haiyan.

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  • Irma atteint les terres en Floride 

Après avoir longé la côte ouest de la Floride, Irma devrait pénétrer plus avant dans les terres en direction du nord de l’Etat puis du sud-ouest de la Géorgie lundi après-midi. Il devrait être rétrogradé en tempête tropicale dans la journée, selon le centre américain des ouragans (NHC). Lundi matin, il a frappé la ville de Lakeland, à l’ouest de Tampa, dont la baie est considérée comme la zone la plus vulnérable aux Etats-Unis face à un ouragan comme Irma.

Le président américain, Donald Trump, a déclaré l’état de catastrophe naturelle pour la Floride dimanche, permettant ainsi de débloquer des moyens supplémentaires pour venir en aide à la péninsule.

M. Trump a aussi annoncé qu’il se rendrait « très vite » en Floride. « J’espère qu’il n’y aura pas trop de gens sur [le] chemin [de l’ouragan]. Nous avons essayé de mettre tout le monde en garde et pour la plupart ils sont partis », a lancé le président à son retour à la Maison Blanche, après un week-end passé dans la résidence présidentielle de Camp David, où il s’est tenu informé de l’évolution de la situation dans le très touristique Sunshine State.

  • Inquiétude face à la montée des eaux

Plus encore que les vents, c’est la montée des eaux qui inquiète. Dans la région de Naples, près de Marco Island, où vivent plus d’un million de personnes, les météorologues attendent des inondations de 3,5 à 5 mètres.

Water floods a street in the business district as Hurricane Irma passes through Naples, Fla., Sunday, Sept. 10, 2017. (AP Photo/David Goldman) / David Goldman / AP

Sur la côte est de la Floride, la ville de Miami a été assaillie par des vents et une pluie très intenses, inondant plusieurs rues. Au moins deux grues ont été partiellement emportées par la force de la tempête. L’aéroport international de Miami a été fermé et ne devrait reprendre qu’un service limité à partir de mardi.

Environ trois millions de foyers et entreprises en Floride étaient plongés dans le noir, selon la compagnie Florida Power and Light, qui a annoncé avoir « arrêté en toute sécurité » l’un des deux réacteurs nucléaires de sa centrale de Turkey Point, à la pointe sud-est de la péninsule.

La force du vent, la pluie et la tombée de la nuit ont compliqué l’intervention des secours. Des couvre-feux ont été décrétés dans plusieurs municipalités, notamment pour éviter les pillages, comme dans les Keys, où les rues ont été submergées par une pluie battante, et des poteaux électriques arrachés par le vent.

Au total 6,3 millions d’habitants ont reçu l’ordre d’évacuer la Floride, battue pendant la nuit de samedi à dimanche par les vents et menacée par une mer déchaînée. L’état d’urgence en vigueur en Floride, en Géorgie et en Caroline du Sud a été étendu à la Virginie, plus au nord.

  • A Cuba, des dégâts mais pas de victimes

A La Havane, à Cuba, dimanche 10 septembre. / YAMIL LAGE / AFP

Avec des rafales atteignant 256 km/h au moment de l’impact, dans la nuit de samedi à dimanche, selon les médias d’Etat, Irma est le plus puissant ouragan dont l’œil ait touché directement Cuba depuis 1932. Des vagues atteignant jusqu’à 7 mètres ont été observées sur la côte nord par le service de météorologie cubain, Insmet, et la province de La Havane a été placée en alerte ouragan, selon le NHC.

La présidente du gouvernement de Camagüey, Isabel Gonzalez Cardenas, a confirmé des « dégâts importants » dans le nord et le centre de sa province. Pour l’heure, la région n’a eu à déplorer aucune victime.

Plus d’un million de personnes avaient été évacuées par précaution dans l’ensemble du pays, selon les autorités. Irma a provoqué d’importantes inondations sur l’île, et l’interruption de l’alimentation électrique à La Havane.

  • Saint-Martin et Saint-Barthélemy : la population exaspérée face au manque de moyens

Les îles de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy, épargnées par l’ouragan José, ont été frappées de plein fouet par Irma. Un pont aérien et maritime a repris pour en évacuer en priorité les plus vulnérables et pour y acheminer du fret et des vivres pour la population sinistrée. Quelque 85 tonnes de nourriture, un million de litres d’eau et 2 200 kg de médicaments ont été transportés, selon la préfecture de région.

La ministre de la santé, Agnès Buzyn, a fait état lundi d’environ trois cents blessés à Saint-Martin, allant de « petites coupures à des blessures plus graves », mais « il y a relativement peu de blessures graves quand on voit l’état des dégâts ». Elle a écarté, à ce stade, tout risque d’épidémie et a fait savoir que l’hôpital de l’île, détruit à 70 %, était de nouveau opérationnel.

L’île de Saint-Martin a été ravagé à 95 % par l’ouragan Irma. / MARTIN BUREAU / AFP

Les opérateurs travaillent à rétablir au plus vite les télécommunications, toujours coupées. Radio France a lancé une radio d’urgence sur les ondes hertziennes (91.1 FM à Saint-Martin) et sur Internet. Dans un paysage de ruines, les secours, militaires et forces de l’ordre dépêchés sur l’île sont désormais quinze cents et passeront bientôt à deux mille.

La préfecture de la Guadeloupe a également annoncé dimanche soir la reprise des liaisons maritimes entre elle, la Martinique et Saint-Martin. Un navire y accostera lundi « avec une grue de 5 tonnes, qui permettra de décharger des conteneurs de grande capacité ».

Le président Emmanuel Macron se rendra à Saint-Martin mardi, accompagné de plusieurs ministres, dont Mme Buzyn, à l’heure où le gouvernement tente de désamorcer la polémique naissante sur le manque d’anticipation face à l’ouragan Irma. Le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, a annoncé lundi que le gouvernement accepterait « volontiers » une commission d’enquête parlementaire à ce sujet.