La première ministre norvégienne Erna Solberg lors de la campagne électorale des législatives à Oslo. / NTB SCANPIX / REUTERS

Les Norvégiens, qui ont rendez-vous lundi 11 septembre avec les urnes, hésiteraient à reconduire le gouvernement sortant mené par la première ministre conservatrice Erna Solberg.

Les derniers sondages promettent en effet un scrutin législatif serré entre le bloc dit bourgeois emmené par Mme Solberg et l’opposition conduite par le travailliste Jonas Gahr Store. Avec de multiples petits partis en arbitres.

Tout est « prêt pour le plus grand thriller électoral depuis de nombreuses décennies », commentait l’éditorialiste politique de la chaîne TV2 après la publication samedi soir d’une ultime enquête d’opinion créditant la droite de la plus courte majorité qui soit, à l’intérieur cependant de la marge d’erreur.

Promesse de continuité à droite

Au pouvoir depuis 2013, le gouvernement regroupant conservateurs et populistes « light » du parti du Progrès (anti-immigration) a fait campagne sur la promesse de la continuité. Sous sa baguette, le riche pays nordique de 5,3 millions d’habitants, plus gros producteur d’hydrocarbures d’Europe de l’ouest, a surmonté avec succès deux crises graves, celle du secteur pétrolier due au plongeon du cours du baril à compter de l’été 2014 puis celle des migrants en 2015.

« Nous souhaitons quatre années de plus pour continuer à faire ce qui marche », a plaidé Mme Solberg, dirigeante populaire et chevronnée de 56 ans.

Au cours des quatre années écoulées, la droite s’est employée à relancer l’économie et à la préparer à l’âge post-pétrolier en abaissant la pression fiscale. Quitte à se servir – trop généreusement selon l’opposition et nombre d’économistes – dans l’astronomique fonds souverain du pays, qui pèse près de 1 000 milliards de dollars.

« Plus d’impôts pour les plus riches »

En face, M. Store, un millionnaire diplômé de Sciences Po Paris, promet un relèvement des impôts pour les «plus riches » pour consolider l’État-providence cher aux Norvégiens et réduire les inégalités. « Nous avons besoin d’un changement maintenant parce que nous sommes en train de nous écarter les uns des autres », a dit dimanche le responsable travailliste de 57 ans, après avoir voté « des papillons dans l’estomac », avec son épouse, dans une école du quartier –massivement conservateur – de l’ouest d’Oslo où il réside.

Dans les grandes villes, les bureaux de vote étaient en effet ouverts dès dimanche, veille du jour officiel du scrutin. Énormément de Norvégiens – plus d’un million sur 3,76 millions d’inscrits – ont aussi recouru au vote anticipé.

Conservateurs et travaillistes s’accordent sur beaucoup de choses : poursuite des activités pétrolières dans l’Arctique, politique d’immigration sévère, importance de liens étroits avec l’UE dont le royaume n’est pas membre.

Les petits partis, faiseurs de roi

Les seconds ont toutefois beau jeu de dénoncer les difficultés de Mme Solberg à brider les déclarations parfois provocatrices de leurs alliés du parti du Progrès, notamment la remuante ministre de l’Immigration et de l’Intégration, Sylvi Listhaug.

Face à leur recul annoncé, les deux principales forces du royaume seront toutes deux tributaires du soutien de petites formations, susceptibles de faire basculer la majorité à droite ou à gauche, moyennant des tractations qui promettent d’être difficiles.

La Norvège a beau avoir été très officiellement désignée pays le plus heureux du monde par l’ONU en mars, ce scrutin à la proportionnelle devrait faire la part belle à plusieurs petits partis contestataires. Parmi eux : le parti du centre (agrarien) tourné contre les élites urbaines, les écologistes qui réclament la fin de toute nouvelle activité d’exploration pétrolière ou encore les marxistes de Rouge.

Les bureaux de vote ouvrent à 9 heures et fermeront à 21 heures, heure à laquelle les premiers résultats partiels seront publiés.