France's President Emmanuel Macron tries to find his way during his visit to the French Caribbean island of St. Martin September 12, 2017. Picture taken September 12, 2017. REUTERS/Christophe Ena/Pool / POOL / REUTERS

Emmanuel Macron n’a pas ménagé sa peine. Serrant les mains, discutant longuement avec les habitants de Saint-Martin, l’île meurtrie par le passage de l’ouragan Irma le 5 septembre, il a étreint des personnes en pleurs, pris dans ses bras le petit Dylan d’à peine 4 mois, ou encore annoncé à Yom, 12 ans, qu’il allait bientôt pouvoir rentrer en classe, déclenchant la moue de ce dernier.

Arrivé sous le feu des critiques de nombreuses personnes attendant, devant les grilles de l’aérogare de l’Espérance, de pouvoir quitter l’île sur laquelle la plupart ont tout perdu – au son de quelques cris « Macron, laisse-nous partir » –, le président de la République a terminé sa journée sous les applaudissements de ceux qui étaient venus l’attendre devant le siège de l’autorité locale, au centre de Marigot.

Une semaine après le drame, il lui fallait rassurer les habitants sur l’engagement de Paris pour l’aide d’urgence puis, sur le long terme, pour la reconstruction. Répondre aussi aux critiques accusant l’Etat de ne pas faire assez, s’agissant notamment des problèmes de sécurité. Emmanuel Macron n’a rien lâché, tout au long de la journée, et a répondu point par point, refusant toute idée d’abandon ou de négligence de la part de son gouvernement.

« Impatience »

A plusieurs reprises, sous un soleil ardent, le président, chemise blanche aux manches retroussées et cravate noire, bataille avec des Saint-Martinois. Face à cette commerçante qui lui soutient ne pas avoir vu de gendarmes au centre de Marigot durant trois jours, alors que « les pillages se multipliaient », Emmanuel Macron n’hésite pas à réfuter : « Nous pouvons compter sur 2 000 militaires, gendarmes, policiers, membres du GIGN, etc., pour assurer la sécurité, et ils seront bientôt 3 000 », répète-t-il notamment à ceux qui, comme Sandrine, propriétaire d’un magasin de vêtements, expriment leur incompréhension qu’un pays comme la France ne puisse pas gérer une île d’à peine 40 000 habitants. « C’est facile à faire », affirme-t-elle. « Non, ce n’est pas facile à faire », rétorque le président, ajoutant : « Je comprends votre impatience, mais on n’a jamais fait un tel pont aérien depuis 1945. »

Le chef de l’État n’a donc pas ménagé sa peine, grimpant deux à deux l’escalier d’une maison à moitié en ruine au grand dam de son service de sécurité, ne négligeant aucune personne sur son chemin, entraînant dans son sillage les ministres des outre-mer, de l’éducation nationale ou de la santé, avec pour objectif d’assurer ce petit bout de France perdu dans la Caraïbe qu’il n’est pas abandonné. La descente de la rue principale du quartier de Grand-Case, un lieu autrefois touristique, avec ses petits restaurants et bars typiques, donnant sur une mer turquoise, ravagé aujourd’hui par Irma, a pris plus de deux heures.

« On a tout perdu. On nous parle de pillage, mais moi, monsieur le président, je suis allé dans un magasin récupérer de quoi manger pour ma petite fille », assène un grand tatoué, torse nu, au président un peu gêné. L’exemple sera repris plus tard par Emmanuel Macron, qui explique, s’agissant des pillages, qu’« il y avait chez certains des éléments de survie » et que c’était « différent des bandes organisées ».

Au fil des rencontres et des visions du désastre, Emmanuel Macron a mesuré l’ampleur de ce qu’il a appelé « l’attente de France » et constaté la mobilisation des Saint-Martinois pour déblayer, nettoyer, évacuer ce qui pouvait l’être sans engins de travaux, ainsi que l’extraordinaire solidarité entre les habitants.

« Les pauvres, les plus touchés »

Il a aussi insisté sur le lien avec les problèmes climatiques. « Ceux qui considèrent que le climat est un problème qui se discute dans les salons à Paris, New York ou Bruxelles, n’ont qu’à venir ici. Ils mesureront l’injustice au mètre carré, les plus pauvres sont les plus touchés », a-t-il déclaré.

En fin de journée, alors qu’il repoussait au lendemain son départ pour Saint-Barthélemy, le chef de l’Etat a rencontré le président du conseil territorial, Daniel Gibbes (LR), ainsi que de nombreux élus locaux – le moment pour lui de répondre aux demandes très concrètes des représentants de l’île.

Emmanuel Macron a ainsi annoncé l’arrivée de deux usines de désalinisation d’eau prêtées par « nos amis américains », l’installation d’un dispensaire pour renforcer l’offre sanitaire, le montage de tentes climatisées en guise de classes afin d’assurer une rentrée scolaire dès le lendemain des vacances de la Toussaint. Le chef de l’Etat a aussi proclamé la création de brigades de volontaires, composées de jeunes Saint-Martinois, de jeunes du service militaire adapté (un dispositif d’insertion professionnelle pour l’outre-mer) et de services civiques financés par l’Etat, pour informer dans les quartiers des risques sanitaires de plus en plus réels, et éviter ainsi de possibles épidémies, de choléra notamment.