L’auteur de la série des romans d’espionnage SAS, Gérard de Villiers, à son domicile parisien, le 13 février 2013. / FRANCOIS GUILLOT / AFP

Enième rebondissement, mercredi 13 septembre, au tribunal de commerce de Paris pour tenter de démêler l’écheveau de la succession de Gérard de Villiers, l’auteur de la série SAS, les romans d’espionnage aussi sulfureux que machistes. Un mandataire pourrait être nommé pour représenter l’indivision entre les héritiers dans la société d’édition des SAS . Il s’agit de dénouer la question du contrôle de l’entreprise, qui gère le fonds des 200 aventures du prince Malko Linge. Seul moyen pour qu’une assemblée générale puisse approuver les comptes.

Marié quatre fois, Gérard de Villiers, qui s’est toujours décrit comme « résolument à droite, libéral, anticommuniste, anti-islamiste, anticommunautariste, antisocialiste », a eu deux enfants, Michel et Marion. Christine de Villiers, l’une de ses épouses, gère depuis sa création en 1998 la société qui édite les SAS. Malgré des millions de livres vendus et traduits dans 17 langues, Gérard de Villiers, grand flambeur, est mort endetté en 2013. Et les héritiers sont incapables de se mettre d’accord sur quoi que ce soit, excepté une chose : il n’y aura pas de suite aux SAS. C’était le souhait de leur créateur.

Dialogue de sourds

Tout le reste est source de discordes, de haines recuites et de dialogues de sourds par avocats interposés pour récupérer un hypothétique magot. Michel et Marion accusent leur belle-mère de mal gérer l’entreprise. « Les enfants veulent accaparer ce que leur père a créé alors qu’ils ne le voyaient plus depuis trente ans », rétorque Christine de Villiers, qui assure « tout faire pour que les SAS ne soient pas oubliés ».

L’exécuteur testamentaire de l’écrivain, Eric Morain, a laissé la place à une administratrice judiciaire, Isabelle Didier, qui gère la maison d’édition depuis quinze mois. La succession n’est pas réglée. Christine de Villiers, qui possédait pour moitié les Editions Gérard de Villiers (l’autre moitié étant détenue par l’auteur des romans de gare), affirme contrôler désormais le capital de la société d’édition, ce que contestent à la fois les enfants et l’administratrice judiciaire.

Les comptes ne sont plus déposés depuis la fin de 2012. Pour exploiter le fonds, Christine de Villiers ressort chaque mois quatre titres, imprimés chez Editis. La série devrait ainsi être rééditée d’ici à 2020. Aux Etats-Unis, une filiale de Random House en commercialise cinq. Aucun contrat n’a été signé pour les droits audiovisuels. « Les Américains m’ont demandé de leur envoyer les SAS qui se situent dans des pays qui concernent les Etats-Unis : la Corée du Nord, l’Irak, la Libye, l’Afghanistan, la Syrie et la Russie », affirme Christine de Villiers. Elle n’a reçu aucun retour.