Marlène Schiappa, secrétaire d'Etat chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, le 17 mai. / JULIEN DANIEL / MYOP POUR LE MONDE

Marlène Schiappa vient d’afficher deux noms sur la lourde porte du secrétariat d’Etat à l’égalité entre les femmes et les hommes, rue Saint-Dominique, à Paris : Sartorius Stedim Biotech et Maurel & Prom. Le premier est un fournisseur d’équipements pour l’industrie pharmaceutique, le deuxième produit des hydrocarbures. « Non seulement ces entreprises sont parmi les dernières du baromètre Ethics and Boards sur la féminisation des instances dirigeantes, mais elles ont refusé d’être sensibilisées gratuitement sur le sujet », assène-t-elle. Aucune des deux entreprises ne s’est rendue à la formation organisée, mardi 12 septembre, pour les dix plus mal notées du palmarès, qui évalue les 120 plus grandes sociétés françaises.

Le procédé est rare. User du « name and shame » (« nommer et faire honte ») pour inciter les entreprises à améliorer leurs pratiques en matière d’égalité professionnelle était une promesse de campagne d’Emmanuel Macron. En fait, la secrétaire d’Etat n’a dévoilé que le nom de celles qui ont refusé son invitation, en pariant sur le « name and change » pour les autres, parmi lesquelles figurent STMicroelectronics, LafargeHolcim ou ArcelorMittal. L’invitation sera renouvelée chaque année.

Une promesse de campagne

Le geste est spectaculaire, mais l’ampleur de l’opération est modeste au vu de la persistance des discriminations dans le monde du travail (27 % en moyenne d’écart de salaire entre les hommes et les femmes, 7 % de femmes PDG) et du nombre d’entreprises hors des clous. En 2016, 2 271 mises en demeure ont été adressées à des entreprises non couvertes par un accord ou un plan d’action sur le sujet ; 116 ont acquitté des pénalités financières.

Malgré plusieurs recours en justice, dont le dernier date de juillet 2017, la liste des entreprises condamnées n’a jamais été rendue publique par la commission d’accès aux documents administratifs, au motif que sa révélation pourrait leur causer préjudice. « Selon la loi, elles ne peuvent pas concourir aux marchés publics mais nous n’avons pas leurs noms ! », conteste Julien Bayou, conseiller régional (Europe Ecologie-Les Verts) d’Ile-de-France, auteur des recours, qui voit dans l’initiative de Mme Schiappa une opération de « communication ».

« Une conviction forte, au plus haut niveau »

« L’égalité professionnelle est un enjeu de société, de communication, de performance, en plus d’être une obligation légale », affirme la secrétaire d’Etat. Les meilleurs élèves du classement Ethics and Boards sont venus livrer leurs recettes : augmenter la mixité du recrutement, promouvoir des femmes par la discrimination positive, adapter les règles de mobilité géographique, préserver la conciliation entre vie familiale et professionnelle pour les deux sexes…

« Pour mobiliser toute l’entreprise, il faut avoir une conviction forte, au plus haut niveau, a affirmé Bernard Michel, président du groupe immobilier Gecina, premier du classement, en conclusion de la matinée de sensibilisation. Je ne crois pas à l’idée qu’il y a des compétences masculines ou féminines. Il y a des différences, mais pas en matière de management ou d’efficacité. Au contraire, plus une entreprise diversifie son recrutement, plus elle est performante. »