Tim Cook, le PDG d’Apple, lors de la présentation de l’iPhone X, le 12 septembre. / STEPHEN LAM / REUTERS

Un bel écran pleine taille, un système très innovant de reconnaissance faciale en 3D… Et un prix record. L’iPhone X, présenté mardi 12 septembre par Apple, est le téléphone le plus cher jamais vendu par la firme à la pomme : 1 159 euros pour la version « de base », avec 64 Go de mémoire, et… 1 359 euros pour le modèle le plus cher, avec 256 Go de mémoire. Soit l’équivalent d’un mois de salaire mensuel au smic, au minimum, pour devenir possesseur du dernier-né d’Apple. Et un renchérissement historique de 50 % par rapport à l’iPhone 7.

Pourtant, dans une interview surprenante accordée au magazine Fortune, Tim Cook, le PDG d’Apple, affirmait en début de semaine que son entreprise ne « faisait pas uniquement des produits pour les riches ». « Si vous regardez l’ensemble de nos produits, vous pouvez acheter un iPad pour moins de 300 dollars, et un iPhone, en fonction des modèles, pour à peu près la même somme. Donc ce ne sont pas des produits réservés aux riches. Nous n’aurions pas un milliard de produits activement utilisés aujourd’hui si nous les faisions uniquement pour les riches, c’est un nombre d’utilisateurs considérable quelle que soit la manière dont vous analysez ce chiffre. »

Des modèles d’entrée de gamme subventionnés ou anciens

Ces remarques du PDG de l’entreprise la plus riche au monde, qui a toujours présenté ses produits comme du très haut de gamme à destination de consommateurs exigeants et aux moyens confortables, avaient attiré bon nombre de moqueries. Par ailleurs, si le prix des iPhone d’entrée de gamme a baissé au fil du temps depuis dix ans, les iPhone vendus entre 300 et 400 euros sont toujours soit subventionnés par un opérateur mobile, soit sont des modèles un peu anciens et dont l’usage n’est pas évident en raison d’une mémoire étriquée – Apple a cessé de commercialiser des iPhone avec moins de 64 Go de mémoire en 2016.

Le prix des nouveaux modèles haut de gamme, lui, n’a cessé d’augmenter en dix ans – prix auquel il faut ajouter celui des accessoires, chargeurs sans fil ou câbles au format lightning d’Apple. Seul l’iPhone SE, modèle « d’appel » lancé en 2016, a été mis en vente à un prix notablement inférieur à ses prédécesseurs.

Plus cher en Europe qu’aux Etats-Unis

La gamme de prix des iPhone s’est considérablement élargie. L’iPhone SE est disponible au prix de 420 euros, en baisse de 70 euros, avec une mémoire de 32 Go, compatible avec un usage léger du smartphone. Le prix de l’iPhone 6S est ramené à 530 euros, celui de l’iPhone 7 à 640 euros. A l’autre extrêmité du spectre des prix, l’iPhone 8 est commercialisé à partir de 810 euros, et le nouveau smartphone très haut de gamme d’Apple passe au tarif exubérant de 1 160 euros, presque trois fois plus cher que l’iPhone SE.

Pour ajouter à la confusion, les prix américains diffèrent drastiquement des prix européens – les tarifs affichés en dollars sont nettement inférieurs aux prix européens, et ce malgré l’euro fort actuel, parce que les prix américains n’incluent pas la sales tax, une TVA dont le taux varie d’un état à l’autre outre-Atlantique. Les prix européens incluent aussi les coûts de localisation – traductions notamment – qui ont augmenté avec le développement de Siri, l’assistant personnel d’Apple.

Peut-on dire que les prix des premiers iPhone sont démocratiques, comme le laisse entendre Tim Cook ? Pas nécessairement. Le prix des smartphones n’a cessé de baisser depuis dix ans. Alors qu’il fallait débourser plus de 500 € pour s’offrir un smartphone polyvalent en 2007, un chèque de 150 € suffit désormais, hors subventions des opérateurs.

Des tarifs élitistes malgré une baisse générale des prix

Apple n’est pas le seul constructeur qui tente de préserver son chiffre d’affaires en maintenant des tarifs élitistes malgré la baisse générale des prix. Certains tentent même de pousser leurs prix à la hausse. Le Samsung S8, fleuron de la marque coréenne, est sorti au prix de 809 euros pour le modèle classique, contre 709 euros pour le Galaxy S6, deux ans plus tôt, et 909 euros pour le S8 + à grand écran. Mais à la différence d’Apple, qui contrôle très strictement les prix pratiqués par ses distributeurs, ses concurrents acceptent que des remises promotionnelles soient faites sur leurs téléphones vedettes.

Ces évolutions tarifaires correspondent-elles à un renchérissement des coûts de fabrication des smartphones premium ? Cette hypothèse n’est pas exclue. Les smartphones semblent arrivés à maturité, les fabricants peinent à proposer des innovations réellement utiles aux consommateurs. Ils misent beaucoup sur l’esthétique et la qualité des matériaux pour faire la différence avec les smartphones milieu de gamme.

D’après les sites spécialisés qui procèdent à l’analyse des composants des différents smartphones, les coûts de fabrication ont notablement augmenté ces dernières années, notamment à cause de l’utilisation de matériaux coûteux dans les écrans et les coques.