Rentrée de septembre 2017 à l’université de Strasbourg. / Camille Stromboni/"Le Monde"

L’annonce était pour le moins attendue dans le milieu universitaire. « Le budget de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation augmentera de 700 millions d’euros en 2018 par rapport au budget initial 2017 », a affirmé Frédérique Vidal, ministre de l’enseignement supérieur, sur France Inter, jeudi 14 septembre.

« C’est la preuve de la confiance qui est faite dans la jeunesse et dans l’avenir », a-t-elle ajouté, sans donner plus de précisions quant au découpage de cette progression d’envergure entre les différents programmes sous la houlette de son ministère (formations, vie étudiante, recherche, etc.).

Une annonce accueillie avec soulagement par le président de la Conférence des présidents d’université (CPU), Gilles Roussel, qui reste cependant prudent :

« C’est en deçà du milliard d’euros dont nous avons besoin. Mais surtout, nous attendons de voir le détail de cette augmentation et quelle part concernera l’université. »

La question budgétaire est particulièrement sensible dans l’enseignement supérieur : les établissements accueillent, depuis trois ans, entre 20 000 et 40 000 étudiants de plus chaque année, sans voir leurs moyens progresser (hormis en 2017, dernière année du quinquennat Hollande, pendant laquelle 100 millions d’euros supplémentaires ont été affectés à l’université).

En 2017, le gouvernement a pourtant décidé de couper 331 millions d’euros au secteur, provoquant l’incompréhension et la colère. 39 700 étudiants de plus sont attendus pour cette nouvelle rentrée. Une quinzaine d’universités se trouvaient déjà dans une situation financière dégradée ou très dégradée en 2016, d’après la note de la Cour des comptes publiée en mai.

Une grande réforme de l’accès à l’enseignement supérieur

Autre sujet sensible sur lequel Frédérique Vidal s’est exprimée sur France Inter : la sélection à l’université. Une concertation a été lancée par le gouvernement pour réfléchir à une grande réforme de l’accès à l’enseignement supérieur, promise pour 2018, avec les premières réunions des groupes de travail, lesquelles ont débuté ce 11 septembre. Un groupe travaille sur le sujet crucial et explosif des « prérequis », qui pourraient intervenir désormais à l’entrée de l’université, remplaçant le tirage au sort, utilisé jusqu’ici pour départager les candidats lorsqu’ils sont trop nombreux à l’entrée d’une licence.

« Les études restent un droit pour tous », a assuré la ministre, qui a de nouveau démenti toute volonté d’instaurer de la sélection à l’université, au sens où elle l’entend. « La sélection c’est dire oui ou non, l’objectif [de notre réforme] ce n’est pas de dire non à un jeune, mais de dire oui mais” », a-t-elle affirmé, en référence aux années d’accompagnement et de remises à niveau qui devront être proposées à un bachelier qui ne possède pas les prérequis d’une filière.

Elle ne s’est pas pour autant prononcée sur le caractère obligatoire – ou non − que pourraient avoir ces futurs critères d’entrée à l’université. Une question cruciale puisque les syndicats étudiants en font un casus belli, défendant de simples « prérequis informatifs ».

Dans le cas d’un bachelier professionnel ou technologique qui demande une licence de sociologie, « il rentre dans ce cursus ou bien il reste à la porte, le temps d’avoir le niveau ? », a demandé à la ministre le présentateur de la Matinale d’Inter, Nicolas Demorand. « C’est vraiment ce qui est en train d’être discuté aujourd’hui », a-t-elle répondu, sans s’avancer davantage.