Cédric Herrou, à Breil-sur-Roya, le 11 avril 2017. / Eric Gaillard / REUTERS

Le militant soutenant la cause des migrants dans la vallée franco-italienne de la Roya a été remis en liberté mercredi 13 septembre après trente-deux heures de garde à vue, sans être déféré au parquet. Il s’agissait de la septième garde à vue de Cédric Herrou, dénoncée dans un communiqué par la Ligue des droits de l’homme de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et l’association Roya citoyenne.

Selon son avocat, Me Zia Oloumi, Cédric Herrou a été convoqué mardi matin, sans savoir pour quel motif, à la gendarmerie, aussitôt mis en garde à vue puis confronté à son accusateur, un passeur éthiopien, qui a porté plainte pour « violences aggravées et séquestration ». « On a vu une personne incohérente et qui a changé de version. C’est surprenant que la garde à vue soit prolongée [mercredi] alors qu’il n’y a plus d’éléments », s’était-il ému.

Esprit de vengeance ?

Le parquet de Nice doit décider d’ici à lundi des suites à donner à la plainte contre M. Herrou, qui pourrait avoir été motivée par la vengeance. « Une partie de la plainte est exacte, mais pas du niveau de la gravité évoquée dans des déclarations circonstanciées (du plaignant) : violences, séquestration, menaces avec arme de poing et une histoire de bouteille de gaz », a précisé jeudi le procureur de Nice, Jean-Michel Prêtre. « On n’est pas dans des choses complètement fausses, mais est-ce que cela part d’un esprit de vengeance ou d’un ressenti de bonne foi, ce sera décidé d’ici quelques jours », a-t-il ajouté.

« Se pose la question de savoir si l’exagération manifeste de la plainte de ce monsieur, dans le cas où il n’y aurait pas de faits caractérisés, pourrait conduire à des poursuites pour dénonciation calomnieuse. »

Harcèlement judiciaire

Le passeur, un jeune Ethiopien, Wossem Naka, est incarcéré à Nice. Dénoncé par des compatriotes et livré aux gendarmes par Cédric Herrou, il a été condamné à huit mois de prison le 31 juillet pour avoir accompagné en France des compatriotes migrants contre une promesse d’argent.

Les soutiens de M. Herrou, la Ligue des droits de l’homme et l’association Roya citoyenne, ont dénoncé un harcèlement judiciaire. « Le dossier est vide et ne tient que sur des propos confus et contradictoires du prisonnier, qui a été dénoncé et conduit à la gendarmerie par Cédric. Il est étonnant que le parquet ait pu donner du crédit à ces propos pour fonder une privation de liberté de trente-deux heures et employer autant de moyens : quinze policiers pour une perquisition, dont certains venus de Nice et de Cannes, une dizaine d’enquêteurs mobilisés, des personnes bénévoles entendues même à Lyon ! », s’est indigné MZia Oloumi. Outre la garde à vue, la propriété de l’agriculteur a été perquisitionnée une nouvelle fois.