Cézanne n’a fait toute sa vie que des paysages « déserts », c’est-à-dire sans personnages qui viendraient s’y promener, des natures mortes presque toujours sans décor et des portraits. Ce sont les portraits d’un petit nombre de personnes parmi lesquelles son oncle Dominique, sa femme Hortense, son fils Paul, un « garçon au gilet rouge », deux joueurs de carte à la pipe, le jardinier Vallier, et lui-même… On peut s’étonner que Cézanne consacre à chacun d’entre eux autant de tableaux dans une position presque toujours identique, comme si ce n’était pas l’art du portrait qui intéresse l’artiste, mais seulement le travail sur les reliefs colorés de la peau et la matière « calcaire » des vêtements qui, de près, évoquent le calcaire des falaises d’Aix-en-Provence, et annoncent l’art abstrait.

A l’occasion de l’exposition « Portraits de Cézanne », au Musée d’Orsay, jusqu’au 24 septembre, Hector Obalk analyse le génie visionnaire mais aussi les limites de cette démarche moderniste avant la lettre.