Luiz Inacio Lula da Silva s’est adressé à ses soutiens  après son audience à Curitiba (Brésil) qui a duré plus de 2 heures, le mercredi 13 septembre. / RODOLFO BUHRER / REUTERS

Ce second face-à-face entre Luiz Inacio Lula da Silva et le juge anticorruption Sergio Moro était très attendu. L’ex-président brésilien a clamé haut et fort son innocence mercredi 13 septembre. « Je veux juste dire que nous sommes en présence d’une chasse aux sorcières », a affirmé au tribunal de Curitiba (sud) Luiz Inacio Lula da Silva, sur la défensive après le témoignage accablant d’un membre de sa garde rapprochée la semaine dernière.

« Même si je considère ce procès injuste et illégitime, je vais parler. Je suis sans doute la personne qui veut le plus que la vérité soit établie. »

En mai, à l’issue du premier face-à-face avec le juge Moro, qui s’était étendu plus de cinq heures durant, l’icône de la gauche, qui a présidé le Brésil de 2002 à 2010, s’était dit victime d’une « mascarade ». Mais sa situation s’est considérablement détériorée depuis, avec le témoignage accablant d’Antonio Palocci, son ancien ministre des finances, qui a été arrêté en septembre 2016 puis condamné à une peine de 12 ans de prison.

Interrogé par le juge Moro la semaine dernière, ce dernier a affirmé que Lula avait passé « un pacte du sang » entre son parti, le PT, et l’entreprise Odebrecht, au cœur du scandale de corruption qui secoue le Brésil. Il faisait notamment référence à l’affaire pour laquelle Lula était interrogé mercredi, affirmant que « les faits énoncés sont véridiques ».

Une candidature mise en péril

Selon les procureurs, Odebrecht a payé un terrain destiné à l’Institut Lula à Sao Paulo et mis à disposition de sa famille un terrain dans la ville voisine de Sao Bernardo do Campo, pour rétribuer des faveurs dans l’obtention de contrats avec la compagnie pétrolière d’Etat Petrobras. « Les faits rapportés sont réels », a affirmé M. Palocci, une version rejetée bloc par Lula mercredi.

« Je ne suis pas en colère contre Palocci, il me fait de la peine (…) Il a le droit de vouloir être libéré, mais ne peut pas rejeter sur les autres la responsabilité pour des actes illicites qu’il a commis », s’est insurgé l’ex-président.

Visé au total par six procédures judiciaires, Lula est sous la menace de multiples condamnations qui pourraient réduire à néant ses ambitions de retourner au pouvoir. En juillet, l’ancien ouvrier métallurgiste, qui avait fini ses deux mandats avec des taux record de popularité, a été condamné à neuf ans et demi de prison, reconnu coupable d’avoir reçu de la part de l’entreprise de bâtiment OAS un triplex dans une cité balnéaire en guise de pot-de-vin.

Laissé en liberté en attendant son jugement en appel, il risque de se voir empêcher de se présenter à la présidentielle d’octobre 2018 en cas de condamnation en deuxième instance, voire de finir derrière les barreaux. Lula est jusqu’à présent en tête des intentions de vote, mais suscite aussi un fort niveau de rejet dans l’opinion brésilienne.

En fin d’après-midi, après l’interrogatoire, une manifestation pro-Lula rassemblait environ 1 000 personnes, sur une place de Curitiba, une mobilisation bien moindre que lors du premier interrogatoire, quand près de 7 000 de ses partisans s’étaient déplacés.