Jean-Paul Delevoye, en janvier 2014 à l’Elysée. / AFP

L’ancien ministre chiraquien Jean-Paul Delevoye, proche d’Emmanuel Macron, a été nommé, jeudi 14 septembre en conseil des ministres, haut-commissaire à la réforme des retraites – prochain dossier potentiellement explosif du début du quinquennat d’Emmanuel Macron –, a annoncé le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner.

Agé de 70 ans, ce proche du chef de l’Etat, ancien président du Conseil économique social et environnemental (CESE), sera chargé de coordonner et de piloter cette réforme que l’Elysée espère pouvoir lancer dès 2018.

L’objectif de cette réforme « est de mettre en place un système universel de retraites par répartition et que ce système garantisse l’égalité de tous devant le risque vieillesse, pour faire en sorte qu’un euro cotisé donne à tous les mêmes droits à pension », a déclaré Christophe Castaner lors du compte rendu du conseil des ministres.

« Cela suppose évidemment d’harmoniser les nombreux régimes existants. Il en existe 37 actuellement en France », a-t-il souligné, ajoutant que l’objectif était d’engager « rapidement les discussions avec les partenaires sociaux, pour aboutir à une loi-cadre, qui sera préparée évidemment en lien avec Jean-Paul Delevoye mais par la ministre des solidarités et de la santé [Agnès Buzyn] au premier semestre 2018 ».

« Harmoniser les nombreux régimes existants »

La réforme du système de retraites est un sujet explosif en France où les différentes tentatives de réforme ont donné lieu à d’importants mouvements sociaux et manifestations massives, notamment en 1995 sous Alain Juppé et en 2003 sous François Fillon. Emmanuel Macron s’est pour sa part engagé à unifier les régimes de retraite sans toucher à l’âge légal de départ ni les règles pour ceux qui sont à cinq ans de l’âge de départ.

Selon le rapport annuel du Conseil d’orientation des retraites (COR) publié en juin, l’amélioration de la situation financière du système de retraite français devrait être plus lente que ce qui était prévu l’an dernier.

Le système de retraite devrait ainsi rester déficitaire jusqu’au début des années 2040 dans le scénario le plus favorable sur les quatre envisagés (qui prévoit une croissance de 1,8 % des revenus d’activité) et dégagerait ensuite des excédents jusqu’en 2070.

« Une vraie expérience de négociateur »

Ancien ministre de la fonction publique de Jacques Chirac (2002-2004), Jean-Paul Delevoye a à son crédit d’avoir piloté la réforme des retraites des fonctionnaires, réussissant à ramener les syndicats autour de la table après plusieurs mois de conflit.

Une expérience dont il tire la certitude que « le haut-commissaire aux retraites doit avoir du crédit auprès de chacun » des interlocuteurs. Et qui lui permet de se prévaloir depuis « d’excellents contacts avec les uns et les autres ».

« Il a une vraie expérience de négociateur. Toute sa vie est faite de médiations, d’écoutes, de réconciliations de points de vue parfois opposés pour aboutir à des synthèses dynamiques », a abondé le patron des députés de La République en marche, Richard Ferrand.