La Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a invité, mercredi 13 septembre, pouvoir et opposition togolais à réaliser les réformes constitutionnelles instaurant une limite de deux mandats présidentiels, après les mouvements populaires qui ont secoué le Togo les 6 et 7 septembre.

Le président de la Commission de la Cédéao, Marcel Alain de Souza, s’est rendu à Lomé où il a été reçu en audience par le président Faure Gnassingbé, avant de s’entretenir notamment avec les leaders de l’opposition et des dignitaires religieux. « Nous sommes venus rencontrer toutes les parties », a assuré M. de Souza dans une déclaration à la télévision nationale dans la soirée. « Nous ne pouvons rester sans rien faire, surtout qu’actuellement le président Faure Gnassingbé est en même temps le président de la Conférence des chefs d’Etat de la Cédéao. »

« Une volonté de dialogue »

« Des consultations que nous avons eues, il ressort qu’il y a une volonté de dialogue (…) pour faire les réformes » réclamées par l’opposition et de nombreux Togolais depuis plus de dix ans, a-t-il déclaré, tout en reconnaissant « un problème de confiance ». Le diplomate a appelé « l’opposition et le parti au pouvoir à continuer le dialogue et à réaliser ces réformes, qui sont une aspiration profonde du peuple ».

Il a ensuite précisé que ces réformes comprenaient l’instauration d’un « mandat unique, avec renouvellement une seule fois », « le mode de scrutin à deux tours » ainsi que « le vote de la diaspora » togolaise. « Le chef de l’Etat nous a écoutés et nous pensons qu’il a exprimé la volonté ferme de parvenir à ces réformes », a ajouté M. de Souza.

Le président de l’Assemblée nationale togolaise avait annoncé plus tôt dans la journée que les parlementaires se réuniraient en session extraordinaire dès jeudi pour commencer à examiner le projet de réforme constitutionnelle réclamée par l’opposition, évoquant un cas de « force majeure ».

Des marches historiques

Des manifestations massives ont eu lieu à Lomé et en province les 6 et 7 septembre à l’appel d’une coalition de quatorze partis pour demander la mise en place des réformes et le départ du président Faure Gnassingbé. Pour la seule journée du 6 septembre, plus de 100 000 personnes avaient répondu à cet appel à dans la capitale, selon Amnesty International.

A la veille de ces marches historiques, le pouvoir avait tenté de jouer l’apaisement en soumettant un avant-projet de loi qui doit désormais être adopté par le Parlement. Mais plusieurs leaders de l’opposition, affirmant ne plus croire au dialogue, ont appelé à de nouveaux rassemblements populaires les 20 et 21 septembre.

Mercredi, la présidence a par ailleurs appelé les Togolais « au calme et à la retenue » lors d’un point presse inédit, déplorant une « escalade de la violence physique et verbale sur fond d’appel quasiment à l’insurrection ».