Patrick Henry, détenu depuis quarante ans pour le meurtre d’un enfant et atteint d’un cancer, a obtenu, vendredi 15 septembre, une suspension de peine pour raisons médicales, une décision ouvrant la voie à sa sortie de prison, a-t-on appris auprès de son avocat et du parquet de Melun.

« Ayant exécuté une peine de réclusion criminelle à hauteur de quarante années d’enfermement et compte tenu de la maladie mortelle dont il souffre, nul ne peut raisonnablement considérer cette décision comme une faveur judiciaire injustifiée », a déclaré son avocat Hugo Lévy. La procureure de Melun, Béatrice Angelelli, a fait savoir qu’il pourrait sortir dès samedi 16 septembre de l’unité sécurisée dans laquelle il est hospitalisé depuis le 15 mai.

Condamné en 1977 à la réclusion criminelle à perpétuité pour le meurtre de Philippe Bertrand, âgé de 7 ans, Patrick Henry a sollicité une suspension de peine pour raisons médicales. Au vu de son état de santé, le parquet s’est dit favorable à sa demande. La requête a été examinée mardi, à huis clos, au tribunal de l’application des peines (TAP) de Melun. Le parquet n’a « semble-t-il pas retenu le risque grave d’un renouvellement de l’infraction », a déclaré son avocat Hugo Lévy. Quant aux « modalités concrètes de sa sortie de détention », elles « semblent avoir été jugées satisfaisantes », a-t-il ajouté.

Le détenu a présenté des garanties en termes de revenus et d’hébergement. Il doit toucher une retraite, selon son avocat. Une amie, Martine Veys, visiteuse de prison, s’est engagée à lui « louer un appartement » dans le nord de la France.

Ne pas mourir en prison

Symbole en son temps de la lutte contre la peine de mort, Patrick Henry avait échappé de peu à la guillotine lors de son procès à la fin des années 1970, grâce notamment à la plaidoirie de son avocat Robert Badinter. Il était ensuite devenu un visage de la réinsertion, obtenant en 2001, après vingt-cinq ans de détention, une libération conditionnelle. Mais il avait très vite cassé son image d’ex-détenu modèle : interpellé avec près 10 kg de cannabis en Espagne l’année suivant sa libération, il était retourné derrière les barreaux.

Patrick Henry a depuis présenté, sans succès, plusieurs demandes de libération conditionnelle. La dernière, acceptée par le TAP de Melun en janvier 2016, avait été rejetée par la cour d’appel de Paris. Les juges avaient considéré que ses projets de réinsertion n’étaient pas assez « concrets » et estimé qu’il devait encore effectuer un « travail sur lui-même ».

Cette fois le détenu a invoqué son état de santé. Sa demande s’appuyait sur l’article 720-1-1 du code de procédure pénale, qui prévoit qu’une suspension de peine peut être accordée aux condamnés « atteints d’une pathologie engageant le pronostic vital » ou ceux dont « l’état de santé est durablement incompatible avec le maintien en détention ».