Dans un entretien reproduit jeudi 14 septembre par plusieurs médias congolais, le nonce apostolique en République démocratique du Congo (RDC) a dénoncé « un Etat prédateur de son peuple ». De retour d’une visite de cinq jours dans les régions troublées du Kasaï, Mgr Luis Mariano Montemayor a par ailleurs confirmé que le pape ne se rendra pas à Kinshasa avant la tenue d’élections, pour éviter tout « risque de manipulation ».

Le pape François « est attristé par une certaine distance que l’on perçoit entre la classe politique et son peuple », a déclaré Mgr Montemayor à la radio onusienne Okapi, avant de s’interroger : « Pourquoi le pape a-t-il davantage parlé du problème du Kasaï que la classe dirigeante kasaïenne ? » La nonciature a été la première à donner le bilan de quelque 3 000 victimes au Kasaï, qui subit depuis un an des affrontements entre forces de sécurité et milices « Kamuina Nsapu », du nom d’un chef traditionnel tué en août 2016.

Impasse politique

Argentin comme le pape François, le nonce a confirmé que ce dernier conditionnait « évidemment » un voyage en RDC à l’organisation d’élections. « Avant ça, il y a un risque de manipulation, d’exploitation de la visite du Saint-Père. Soit pour dire qu’il appuie la continuation du gouvernement illégitime, soit par ceux qui […] espèrent expulser le régime en fonction des mouvements populaires », a-t-il développé.

La RDC traverse une crise politique liée au maintien au pouvoir du président Joseph Kabila, dont le deuxième mandat a pris fin en décembre 2016. La Constitution lui interdit de se représenter. Très influente en RDC, l’Eglise catholique a parrainé le 31 décembre 2016 un accord entre le pouvoir et l’opposition prévoyant des élections avant fin 2017. Mais aucun calendrier électoral n’a encore été publié et la RDC se trouve toujours dans une impasse politique. L’opposition demande le départ de M. Kabila et la publication d’un calendrier électoral.