Loup Bureau / LOUP BUREAU / TWITTER

Après cinquante-et-un jours de détention en Turquie, le journaliste Loup Bureau a retrouvé la France dimanche 17 septembre. L’avion le ramenant d’Istanbul a atterri à Roissy peu avant 9 heures, a annoncé sur Twitter le secrétaire général de Reporters sans Frontières Christophe Deloire.

Loup Bureau a été transporté du tarmac au pavillon d’honneur en minibus. Sa famille, ses amis et la ministre de la culture Françoise Nyssen sont sortis pour l’accueillir.

L’avocat français du jeune homme de 27 ans, Martin Pradel, a fait savoir qu’après sa libération vendredi, il avait quitté Sirnak, ville du sud-est de la Turquie où il était resté détenu 51 jours, pour se rendre à Diyarbakir, et ensuite gagner Istanbul, puis Paris.

Cette libération, intervenue dans la foulée d’une visite du chef de la diplomatie Jean-Yves Le Drian à Ankara, est « un grand soulagement », s’était « réjoui » Emmanuel Macron. Fin août le président français avait demandé sa « libération rapide » à son homologue turc Recep Tayyip Erdogan.

La presse sous pression du pouvoir en Turquie

Le reporter indépendant de 27 ans est accusé par Ankara d’appartenance à « une organisation terroriste armée » après son interpellation le 26 juillet à la frontière turco-irakienne, et la découverte en sa possession de photos le montrant en compagnie de combattants kurdes syriens des YPG (mouvement considéré comme une émanation du PKK et donc comme « terroriste » par Ankara).

Ces images datent, selon sa défense, d’un reportage sur les conditions de vie des populations syriennes réalisé en 2013 et diffusé sur TV5 Monde.

La Turquie occupe la 155e place sur 180 au classement 2017 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières, une situation qui s’est particulièrement dégradée depuis le coup d’Etat raté de juillet 2016.

Quelque 170 journalistes sont détenus dans le pays, selon le site spécialisé P24. Les journalistes turcs sont de loin les plus touchés, mais leurs confrères étrangers ne sont pas épargnés.

En mai, Mathias Depardon, un photojournaliste français, était lui aussi arrêté dans le sud-est de la Turquie, soupçonné de « propagande terroriste » pour le compte du PKK pour avoir diffusé sur les réseaux sociaux des photos prises lors d’un reportage. Il avait été expulsé après un mois de détention et une importante mobilisation.