L’hémicycle des Nations unies, à New York (Etats-Unis). La diplomatie française nourrit notamment l’espoir d’infléchir la position de la Maison Blanche sur l’accord de Paris. / Andrew Burton / AFP

Ce n’est évidemment pas le seul sujet au programme de la première participation d’Emmanuel Macron à l’Assemblée générale des Nations unies (AGNU), mais c’est « l’une de ses priorités à New York », assure-t-on à l’Elysée. La lutte contre le changement climatique figure en bonne place dans l’agenda du président de la république, arrivé lundi 18 septembre, pour trois jours, au siège de l’ONU.

La diplomatie française nourrit notamment l’espoir d’infléchir la position de la Maison Blanche sur l’accord de Paris. « Nous notons les déclarations du président Trump sur son intention de ne pas le respecter. Pour l’instant aucun acte n’a été posé, on peut espérer toujours le convaincre », a déclaré le ministre français des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian depuis New York, lors d’un point presse en marge de l’AGNU.

Le 1er juin, Donald Trump rendait public sa décision de retirer les Etats-Unis – l’un des pays les plus émetteurs de gaz à effet de serre – du cadre multilatéral fixé lors de la COP21, en décembre 2015, pour contenir le réchauffement sous le seuil des 2 °C. Le 4 août, il confirmait, par une notification adressée au secrétariat général des Nations unies, son intention d’exercer ce « droit de retrait de l’accord de Paris », mais en usant d’une formulation confuse qui ne fermait pas la porte à un possible « réengagement » des Etats-Unis.

Jeu de yo-yo verbal sur l’accord de Paris

Ce double discours de l’administration américaine était toujours de mise mi-septembre. Nicolas Hulot et ses homologues de l’environnement d’une trentaine de pays, invités samedi 16 septembre à Montréal à réfléchir à la mise en œuvre de l’accord de Paris, en ont fait l’expérience. La Maison blanche, qui avait dépêché un délégué à cette rencontre orchestrée par le Canada, l’Union européenne et la Chine, a d’abord rassuré les négociateurs climat, assurant que « cet accord était irréversible et qu’en conséquence, ils [n’allaient] pas le renégocier », a rapporté le ministre de la transition écologique et solidaire.

Plus tard dans la journée, la Maison Blanche envoyait un message inverse : « Il n’y a eu aucun changement dans la position des Etats-Unis à l’égard de l’accord de Paris », répliquait depuis Washington la porte-parole Sarah Huckabee Sanders. Ce jeu de yo-yo verbal s’est poursuivi dimanche par l’intermédiaire cette fois du secrétaire d’Etat américain, Rex Tillerson, expliquant sur la chaîne CBS que le président Trump restait « ouvert et prêt à trouver ces conditions selon lesquelles nous pourrions rester engagés avec d’autres sur ce que nous reconnaissons tous comme étant un problème difficile ».

« Nous sommes dedans, nous sommes dehors, nous sommes dedans, nous sommes dehors », a résumé avec humour l’ex-maire de New York, Michael Bloomberg, envoyé spécial de l’ONU sur le climat. C’est dans ce contexte indécis que la délégation présidentielle française – qui compte dans ses rangs les ministres Le Drian et Hulot – aborde son déplacement à l’ONU. Le premier rendez-vous « climat » a réuni lundi, autour de Gary Cohn, conseiller économique de Donald Trump, un représentant français et d’autres interlocuteurs étrangers. Ce petit-déjeuner de travail, « très constructif » selon M. Cohn, devait permettre d’aborder les stratégies de réduction des émissions de gaz à effet de serre, et finalement mesurer le fossé séparant les pays défenseurs de l’accord et ceux qui lui sont hostiles.

« Les derniers échanges nous ont un peu rassurés, confiait-on à l’Elysée avant ce rendez-vous. Washington ne semble pas déterminé à rompre le dialogue dans le dossier climat ni à démarcher d’autres pays à sortir de l’accord de Paris. » Emmanuel Macron pourrait profiter de son entretien avec son homologue américain, dès son arrivée à New York, pour aborder le sujet et rappeler l’engagement de la France à accélérer la mise en œuvre de l’accord.

Rencontre avec les ONG internationales

Mardi 19 septembre, le chef de l’Etat ouvrira à quatre reprises le dossier du climat. Dans la matinée, il a prévu de rencontrer les représentants des ONG internationales œuvrant dans le champ de la solidarité internationale, de la défense des droits de l’homme et de la lutte contre le dérèglement climatique. Vers 12 heures (18 heures à Paris), pendant son allocution à la tribune de l’Assemblée générale, il devrait revenir sur la notion de « biens communs » qu’il avait développée dans son discours d’ouverture de la semaine des ambassadeurs. « Notre premier bien commun, c’est notre planète » avait-il énoncé, fin août, à Paris.

Dans l’après-midi, Emmanuel Macron est attendu au sommet pour un pacte mondial pour l’environnement. Issu des discussions d’un panel de quatre-vingts experts internationaux réunis par le Club des juristes et par l’ancien président de la COP21, Laurent Fabius, le document, remis le 24 juin au chef de l’Etat, s’efforce de réunir dans un texte unique les différents éléments constitutifs du droit international de l’environnement. « Jusqu’à présent, c’était un événement français, l’enjeu est d’en faire désormais un objet de négociation dans les instances de l’ONU », explique une source élyséenne, consciente que cette négociation prendra des mois, voire des années. Le sommet du 19 septembre, qui donnera la parole au secrétaire général des Nations unies, au président de l’AGNU et à une vingtaine de dignitaires de tous les continents, devrait permettre d’enclencher la procédure.

M. Macron retrouvera le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, en fin de journée, à l’occasion du « dialogue des leaders sur le climat ». Cette rencontre voulue par le secrétaire général, autour d’une vingtaine de chefs d’Etat et de gouvernement, vise à identifier des relais de l’action climatique parmi les dirigeants mondiaux. La France, qui avait annoncé en juillet, à l’issue du G20 de Hambourg (Allemagne), la tenue d’un sommet sur le financement et la mise en œuvre de l’accord de Paris, le 12 décembre, pour les deux ans de l’accord, devrait se voir confirmer dans cette mission.