Au premier rang, Laurent Pietraszewski, Christelle Dubos et Yannick Kerlogot (LRM), à l’Assemblée, le 28 juillet. / JACQUES DEMARTHON / AFP

Ils auraient pu choisir Troyes, comme Les Républicains. Ou Le Mans, à l’instar du groupe Nouvelle Gauche. Un temps les députés de La République en marche (LRM) ont même envisagé de se mettre au vert, trois jours, en bord de mer, ou pourquoi pas à Lyon, chez Gérard Collomb, pour leurs premières journées parlementaires, traditionnel rendez-vous de rentrée des élus. C’est finalement aux Docks d’Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, qu’ils devaient se retrouver lundi 18 et mardi 19 septembre pour un « séminaire de cohésion » avant la reprise officielle des travaux parlementaires. Le moment d’organiser un week-end de « team building », moins formel, n’est pas encore venu. Trop décalé par rapport aux enjeux.

Après les couacs de la session extraordinaire de juillet, qui ont terni les premiers pas des élus macronistes à l’Assemblée nationale, l’heure est depuis la fin de l’été à la reprise en main. Pas question donc de donner l’image d’un groupe majoritaire qui part s’amuser et faire la fête. Pendant deux jours, les députés LRM vont travailler.

Il s’agira d’abord de préparer l’agenda chargé de l’automne : la loi de lutte contre le terrorisme, qui sera examinée en séance à partir du 25 septembre, avant le vote des budgets. Mais les députés doivent aussi répondre à une demande majeure, évaluée par un questionnaire en ligne au cours de l’été : apprendre à se connaître.

« Nous sommes très nombreux, avec des personnes qui se connaissent finalement très peu, observe Gabriel Attal, député des Hauts-de-Seine. Ce qui nous unit, c’est le projet de Macron. Comme on rentre dans le dur, on est en train de créer quelque chose entre nous. » « La moyenne des parlementaires ne connaît pas plus de 15 % à 20 % du groupe », évalue encore Pierre Person, élu de Paris.

Méthode « participative et collaborative »

Au sein du groupe, les troupes macronistes au Palais-Bourbon ont jusque-là eu le réflexe de se réunir par élus d’un même département. Pour y remédier et leur permettre d’élargir leur cercle de connaissances, certains d’entre eux ont ainsi proposé d’aider les collaborateurs du groupe à mettre sur pied le programme du séminaire et le modus operandi.

La méthode retenue est « participative et collaborative », explique Frédéric Descrozaille, député du Val-de-Marne, l’un des moteurs de cette organisation. Point de longues conférences au programme de ces deux jours. « Ce ne sera surtout pas tout le monde assis à écouter des monologues », résume Laurent Pietraszewski, député du Nord, également membre du comité de pilotage du séminaire.

La République en marche s’est une nouvelle fois inspirée de son ADN entrepreneurial et proposera uniquement du travail en petits groupes d’une dizaine d’élus, s’appuyant sur des techniques de management dites d’intelligence collective. « Notre philosophie, c’est de coconstruire quelque chose de collectif », explique encore M. Pietraszewski, familier de ces pratiques dans son ancienne vie professionnelle. Le cabinet de conseil Up & Co a épaulé le groupe et prendra part à l’animation des deux journées de travail.

Lundi, les élus réfléchiront ainsi sur leur vision de la mission du député, mais aussi sur l’articulation de son travail avec le gouvernement, le parti et en circonscription. La journée de mardi sera, elle, consacrée aux grands textes de l’automne. Selon Frédéric Descrozaille, « les méthodes utilisées vont permettre à chacun de prendre la parole, pas uniquement les forts en gueule », afin de dégager des propositions collectives sur les différents thèmes abordés.

« L’objectif, c’est aussi d’apprendre à identifier les parlementaires mobilisés sur les différents sujets et qu’on sache à qui s’adresser sur tel ou tel thème », espère encore Guillaume Chiche, député des Deux-Sèvres.

Le séminaire doit aussi permettre de présenter la quarantaine de collaborateurs du groupe dont le recrutement s’est achevé cet été, et qui ont un rôle-clé dans la coordination et la préparation des travaux parlementaires. En juillet, le groupe ne comptait ainsi qu’une seule collaboratrice dévolue à la commission des lois au moment du suivi du texte sur la moralisation de la vie publique. Ils sont désormais trois. Un calendrier avec des modules de formation sur la technique parlementaire ou encore le média training leur sera également soumis à cette occasion.

Objectif visé : « L’effet wahoo »

« L’idée est de mieux structurer ce groupe de 313 personnes, note Gilles Le Gendre, vice-président du groupe LRM. Comme toute organisation humaine, il a vocation à se perfectionner et à s’améliorer. Cela passe par une animation plus active de notre vie collective. Nous devons accorder plus de temps au débat politique entre nous, en amont du travail législatif. »

Le séminaire ne sera toutefois pas exempt d’un moment de convivialité, qui a été pensé de manière participative – « un peu à la Airbnb », confie-t-on dans l’entourage du groupe. Lundi soir, seul moment où les ministres sont conviés, chaque député a été invité à contribuer au buffet collectif, avec une bouteille et une spécialité de sa région. Objectif visé : « L’effet wahoo », selon un des organisateurs, sans rire. Comprendre : « Que chaque député, à la fin, soit opérationnel et sorte enthousiaste vis-à-vis de son groupe », espère Frédéric Descrozaille.