Billie Lurk, capitaine du navire des personnages principaux de « Dishonored 2 », est cette fois l’héroïne de son propre jeu. / Bethesda

Qui s’intéresse au scénario dans les jeux vidéo ? Peut-être pas la majorité des joueurs. Mais ceux qui se sont penchés sur celui de Dishonored ont en tout cas, à son endroit, des mots flatteurs.

Car au-delà de l’univers victorien teinté de magie et de technologie, de ses rues lugubres, de ses cités méditerranéennes poussiéreuses, de ses assassins ambigus et de ses impératrices monte-en-l’air, le Dishonored du studio lyonnais Arkane n’a jamais oublié de développer une mystique intrigante, incarnée par la figure quasi-divine de l’Outsider, demi-dieu ambigu aux pouvoirs millénaires.

Mais voilà, après avoir apporté son aide à Corvo et à Emily, les héros des deux premiers Dishonored, l’Outsider est cette fois clairement l’ennemi. Dans ce vrai-faux troisième épisode, disponible depuis le 15 septembre sur PC, PlayStation 4 et Xbox One, le joueur, dans la peau de la tueuse Billie Lurk, va avoir la lourde tâche de comprendre sa vraie nature… et de l’assassiner.

Dishonored: La Mort de l'Outsider – Laissez libre cours à la violence dans Karnaca
Durée : 10:15

Si La Mort de l’Outsider est vendu comme un épisode à part entière, qu’on ne s’y trompe pas : il s’agit en réalité moins d’une suite que d’un simple supplément, un peu de rab à l’adresse des amateurs du deuxième épisode. La Mort de l’Outsider en reprend les environnements, l’ambiance, le contexte géographique, et, sur les cinq nouvelles missions, seules trois présentent des décors intégralement nouveaux.

Architecture ambitieuse

C’est la marque de fabrique de Dishonored : lâcher le joueur au cœur d’un quartier à l’architecture complexe, réaliste, organique, avec ses rondes de garde, son marché noir, ses habitants, ses appartements à cambrioler, ses réseaux de tunnels ou de balcons, et le laisser se dépatouiller pour arriver à son objectif.

En la matière, Dishonored est quasiment ce qu’il se fait de mieux, et il est toujours aussi plaisant d’y faire des cabrioles depuis cinq ans et le premier épisode de la série. Mais épisode mineur oblige (il est vendu à 25 euros seulement sur PC, contre 40 euros pour l’épisode précédent), La Mort de l’Outsider recycle et voit ses ambitions à la baisse. Surtout, son héroïne, Bille Lurk n’a pas grand-chose à voir avec ses illustres aînés, à l’époque shootés aux pouvoirs de l’Outsider.

« La mort de l’Outsider » ne s’écarte qu’en de rares moments de la recette de « Dishonored 2 ». / Bethesda

Elle ne peut compter que sur trois pouvoirs spéciaux, qu’il n’est en outre plus possible d’améliorer. En substance, celui de poser un repère pour s’y téléporter ensuite ; la capacité de prendre l’apparence d’une victime ; celle de détacher son esprit de son corps pour explorer sans risque son environnement immédiat.

S’ils permettent d’intéressantes combinaisons quand il s’agit de planifier ses actions (projeter son esprit par travers un trou de souris pour poser un point de téléportation dans une pièce adjacente), leur intérêt en combat paraît moins évident, et ne laisse pas non plus une latitude infinie lors des phases d’infiltration.

Choix conscient de la part d’Arkane ou nécessité de sortir un nouveau jeu rapidement après l’échec immérité de leur autre série, Prey, en début d’année ? On pourra le regretter, et trouver le contenu moins généreux. Et, même si, une fois l’aventure terminée, il est possible de la recommencer en se servant de certains des pouvoirs des épisodes précédents, ce ne serait pas tout à fait faux.

Mais il faut aussi reconnaître que cette grammaire resserrée, moins fantaisiste, est aussi une façon valable de redécouvrir Dishonored. Débarrassée des pouvoirs qui auraient pu la rendre quasiment invincible, l’héroïne de La Mort de l’Outsider doit plus jamais compter sur sa préparation, sa discrétion et sa maîtrise de l’espace urbain pour progresser de cible en cible.

D’autant que, et c’est une nouveauté, aux objectifs principaux et secondaires des précédents Dishonored s’ajoute un système de « contrats », des objectifs totalement facultatifs qui donneront au joueur, pêle-mêle, récompenses en nature et fil à retordre. Si ce Dishonored 2.5 ne propose que cinq niveaux, chacun réserve au moins une heure et demie de contenu, et peut-être pas loin du double à celui qui voudra en explorer chaque centimètre carré.

L’avis de Pixels

On a aimé :

  • C’est exactement la même chose que Dishonored 2, c’est-à-dire que l’un des meilleurs jeux de 2016.
  • Le nouveau système de contrats qui pousse à explorer les cartes dans leurs moindres recoins.
  • Une palette de pouvoirs resserrée qui permet tout de même de nouvelles combinaisons intéressantes…

On a moins aimé :

  • … mais qui peut légitimement décevoir ceux qui attendaient une nouvelle héroïne aussi complète et complexe que Corvo et Emily.
  • Certaines mécaniques de jeu simplifiées.
  • La dernière ligne droite du jeu, à la fois la plus originale de l’extension et la plus vite expédiée.

C’est plutôt pour vous si :

  • Vous voulez connaître le fin mot de l’histoire et le destin de l’Outsider.
  • Vous êtes prêt à payer cher (ou du moins 25 euros) pour quelques heures supplémentaires de Dishonored.

Cela n’est plutôt pas pour vous si :

  • Vous vous attendez à de nouveaux environnements.
  • Vous vous attendez à de nombreux nouveaux pouvoirs.
  • Vous attendez le bus et êtes présentement dans l’impossibilité physique de jouer à un jeu vidéo.

La note de Pixels :

Dishonored 2,5/3.

Découvrez les deux premières missions du jeu en vidéo :

Dishonored - la mort de l'Outsider : les premières heures de jeu
Durée : 03:12:12