Le Royaume-Uni a annoncé mardi 19 septembre la suspension de son programme de formation de l’armée birmane en raison des violences contre la minorité musulmane des Rohingya. « Les actions entreprises par les militaires contre le peuple rohingya doivent cesser », a exigé la première ministre, Theresa May, interrogée sur la chaîne de télévision britannique Sky News, à New York, où elle assistait à l’Assemblée générale des nations unies.

« Il n’y aura pas d’autre engagement militaire ou de formation de l’armée birmane par le ministère de la défense jusqu’à ce que le problème soit résolu », a-t-elle ajouté. Le ministère de la défense britannique a ainsi annoncé « la suspension des sessions de formation pour les militaires birmans jusqu’à ce qu’il y ait une résolution acceptable de la situation », dans un communiqué à l’Agence France-presse.

Le ministère a justifié cette décision par « la poursuite des violences dans l’Etat de Rakhine » et les « abus en matière de droits humains ».

Pas « d’entraînement au combat »

La Grande-Bretagne fait part de cette décision alors que la dirigeante birmane Aung San Suu Kyi s’est dite prête mardi à organiser le retour des 421 000 Rohingya réfugiés au Bangladesh, sans pour autant apporter de solution concrète à ce que l’ONU qualifie d’« épuration ethnique ». Ils ont fui l’Etat Rakhine, dans l’ouest de la Birmanie, où l’armée mène une vaste campagne de représailles depuis des attaques, le 25 août, de rebelles rohingya.

Quelques heures après l’intervention de Mme Aung San Suu Kyi, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a redemandé aux autorités birmanes de « mettre fin aux opérations militaires et de permettre un accès humanitaire sans restriction » aux populations touchées par les combats.

La Birmanie est devenue indépendante du Royaume-Uni, ancienne puissance coloniale, en 1948. Le gouvernement britannique affirme ne pas entraîner au combat les troupes birmanes, mais dispenser une formation aux droits humains.

L’organisation Burma Campaign UK, qui plaidait pour l’arrêt du programme de formation depuis sa mise en place, en 2013, a estimé « incroyable » qu’il ait fallu tellement de temps pour y parvenir. Elle a appelé le Royaume-Uni à œuvrer pour un embargo mondial, sous mandat de l’ONU, sur les armes à destination de la Birmanie.