Infographie / Le Monde

L’ouragan Maria, de catégorie 5, la plus élevée sur l’échelle de Saffir-Simpson, a fait deux morts et deux personnes ont disparu en Guadeloupe, après son passage dans les Antilles dans la nuit du lundi 18 au mardi 19 septembre, a annoncé la préfecture. Une personne qui « n’a pas respecté les consignes de confinement » a été tuée par la chute d’un arbre et « une personne [est] tombée en bord de mer ».

Ce qui n’était encore qu’une simple tempête tropicale il y a deux jours s’est soudain transformé, en touchant les îles de la Martinique, de la Dominique et de la Guadeloupe, en un ouragan d’une puissance comparable à celle d’Irma, qui a dévasté il y a moins de deux semaines les îles de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy.

  • Porto Rico en alerte

L’ouragan Maria s’apprête à toucher la côte est de Porto Rico mercredi dans la matinée avec des vents maximum de 270 km/h, estime le Centre national des ouragans (NHC) américain. Les 3,5 millions d’habitants se sont rués, mardi, dans les magasins pour acheter des produits de première nécessité et ont protégé de leur mieux leurs maisons et commerces. Quelque 500 abris pouvant accueillir près de 67 000 personnes ont été ouverts pour faire face à un ouragan qui « pourrait être le pire du siècle à Porto Rico », selon Ricardo Rossello Nevares, le gouverneur de ce territoire américain, où 50 000 foyers sont toujours privés d’électricité depuis le passage d’Irma.

Maria s’abat actuellement sur les îles Vierges américaines. Un couvre-feu a été instauré sur les îles Vierges britanniques voisines, « actuellement extrêmement vulnérables », a justifié le premier ministre, Orlando Smith. Mais nombre d’habitants n’ont pas encore pu regagner leur domicile en raison des dégâts subis après le passage d’Irma, qui a fait 9 morts dans cet archipel. Plus de 1 300 militaires britanniques ont été déployés dans les Caraïbes.

La pluie s’abat sur la plage de San Juan, sur l’île de Porto Rico, le 19 septembre 2017, avant l’arrivée de l’ouragan Maria. / HECTOR RETAMAL / AFP

L’île française de Saint-Barthélemy et l’île franco-néerlandaise de Saint-Martin, dévastées par Irma qui avait fait 15 morts à Saint-Martin, étaient en alerte violette, entraînant le confinement de la population. La ministre française des outre-mer, Annick Girardin, a cependant déclaré mercredi matin qu’il n’y avait « à ce stade, rien d’alarmant » à Saint-Martin alors que l’ouragan s’éloignait de ses côtes.

Des alertes ouragan ont également été déclenchées dans les îles de Saint-Kitts-et-Nevis, Montserrat (Royaume-Uni), Antigua-et-Barbuda, Sainte-Lucie, ainsi que Saint-Eustache et Saba (Antilles néerlandaises).

  • Deux morts en Guadeloupe

L'ouragan Maria s'abat sur la Guadeloupe
Durée : 01:30

En Guadeloupe, deux personnes ont été tuées, selon un bilan mardi soir des autorités locales. Deux autres sont portées disparues dans le naufrage d’un bateau. Les autorités ont noté, mardi soir, « peu de dégâts » sur le bâti, mais 40 % des foyers sont privés d’électricité et 25 % des clients de téléphonie fixe n’y ont plus accès. De nombreuses routes sont bloquées et des inondations ont été signalées dans la région de Pointe-à-Pitre. Mais « la piste » de l’aéroport est « rouverte » selon Mme Girardin, notamment pour reprendre le pont aérien et maritime d’aide à Saint-Martin.

« Pour l’instant, les écoles sont fermées, les activités n’ont pas lieu, ça va reprendre tranquillement son rythme », a précisé la ministre, qui attend « des nouvelles plus précises des Saintes, de la Désirade, de Marie-Galante », trois îles au sud de la Guadeloupe, particulièrement touchées. Cependant, malgré les dégâts, « la situation ne paraît pas critique » dans l’archipel des Saintes, que l’ouragan a frôlé à 20 kilomètres au sud, a affirmé le préfet, Eric Maire.

Le pic du phénomène dans l’archipel a été atteint mardi à 3 heures (9 heures en métropole). L’œil de l’ouragan est passé à moins de 50 kilomètres du sud de Basse-Terre. La Guadeloupe restait mercredi en vigilance grise post-ouragan, qui limite les déplacements.

Inondations dans la région de pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, le 19 septembre 2017, après le passage de l’ouragan Maria. / CEDRICK ISHAM CALVADOS / AFP

  • 70 000 foyers sans électricité en Martinique

L’ouragan a touché auparavant la Martinique, avec des vents de plus de 250 km/h, où 70 000 foyers ont été privés d’électricité, selon le ministère de l’intérieur, soit un tiers de la population. Quelque 10 000 foyers ont également été privés d’eau potable, particulièrement dans deux communes, Morne-Rouge et Gros-Morne. A Fort-de-France en Martinique, le front de mer était inondé mercredi.

La préfecture n’a pas relevé de dégâts importants, avec une quarantaine d’interventions des pompiers. L’ouragan a fait deux blessés « très, très légers », a précisé le directeur général de la sécurité civile, Jacques Witkowski. L’œil du cyclone est passé à 50 kilomètres des côtes du nord de l’île, mais le mur de l’œil du cyclone, qui concentre des vents très forts, ne l’a pas touchée. Elle se trouve toujours en vigilance orange, avec une mer dangereuse et de fortes pluies.

  • Un mur de vent dévastateur en Dominique

Maria a ensuite frappé de plein fouet la Dominique, avec des vents destructeurs atteignant 260 km/h. Arbres et poteaux électriques renversés, fortes pluies, vents violents et inondations… Ce territoire indépendant de 72 000 habitants a « perdu tout ce qui pouvait être perdu », a déclaré le premier ministre, Roosevelt Skerrit, sur Facebook, qui a lancé un appel à « l’aide de toute nature », et notamment des hélicoptères, afin de pouvoir évaluer du ciel l’étendue des dégâts. Mais aucune victime n’a été recensée.

Les météorologues redoutent des dégâts bien plus considérables qu’à la Martinique, car l’œil du cyclone et son mur de vent dévastateur sont passés directement au-dessus de l’île.

  • Des renforts envoyés sur place

Le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, a précisé que 668 membres de la sécurité civile et près de 3 000 personnes, tous services confondus, étaient déployés dans la zone des Antilles. Outre ce dispositif, un contingent de 565 militaires de la sécurité civile a quitté la métropole mardi dans la journée. Une centaine de militaires de la sécurité civile, de sapeurs-pompiers spécialisés dans les opérations de déblaiement, devait également rejoindre les Antilles dans la soirée, selon Jacques Witkowski, directeur général de la sécurité civile. L’arrivée du bâtiment Tonnerre, prévue dans trois jours, permettra l’acheminement de très nombreux matériels et de génie militaire.

Le gouvernement, critiqué pour sa mauvaise anticipation du passage de l’ouragan Irma à Saint-Martin et Saint-Barthélemy, devrait également se mobiliser pour la Dominique, petite île indépendante anglophone entre la Martinique et la Guadeloupe. Celle-ci « semble être très touchée, ravagée même au vu des photos qui ont été prises par les Pumas qui ont fait des reconnaissances », mardi, a déclaré Mme Girardin.

Par ailleurs, un concert organisé mardi soir à Paris a permis de récolter plus de 2 millions d’euros pour aider les Antilles françaises.