Ce message de la justice espagnole s’affiche désormais quand on tente de se connecter aux adresses ref1oct.cat et referendum.cat. / Capture d'écran

Des sites Internet fermés, le gestionnaire de l’extension «  .cat » perquisitionné, un de ses responsables arrêté… Ce sont quelques-unes des multiples conséquences du durcissement de ton entre Madrid et Barcelone, à quelques jours du référendum que le gouvernement catalan compte organiser le 1er octobre sur l’indépendance de cette région autonome, malgré le désaccord de l’Espagne.

La police espagnole a mené ces derniers jours une quarantaine de perquisitions, saisi des millions de bulletins de vote et arrêté quatorze personnes, parmi lesquelles de hauts responsables du gouvernement catalan, afin d’empêcher la tenue du scrutin.

L’opération est aussi menée sur Internet, avec une chasse aux sites liés à l’organisation du référendum. Le site officiel referendum.cat a ainsi été la principale cible des autorités espagnoles : il fournit notamment des informations sur le scrutin et permet d’imprimer des bulletins de vote.

Le site, hébergé sur un serveur situé dans la commune catalane de Malgrat de Mar, à portée de la justice espagnole, a été fermé le 13 septembre, rapporte le quotidien El Pais. Aussitôt, Carles Puigdemont, président du gouvernement de Catalogne, a publié sur son compte Twitter deux autres adresses sur lesquelles se connecter à des copies du site, ref1oct.eu et ref1oct.cat.

« On nous demande de censurer »

Ces deux sites étant respectivement hébergés au Luxembourg et au Royaume-Uni, impossible ou presque pour les autorités espagnoles de mettre la main sur leurs serveurs. Celles-ci ont dès lors décidé de s’en prendre à leur nom de domaine. A commencer par ref1oct.cat, qui dispose d’une extension propre à la Catalogne, le « .cat ». Cette extension est gérée par la fondation catalane PuntCat, qui milite pour la visibilité du catalan sur Internet. C’est vers elle que se sont tournées les autorités, lui ordonnant de rendre inaccessible ce nom de domaine.

Le 15 septembre, PuntCat a annoncé avec regret sur Twitter avoir dû s’exécuter, en soulignant que les autorités espagnoles ont ainsi rendu inaccessible « un contenu tout à fait légal ». « Nous continuerons à travailler pour qu’Internet soit un espace de liberté pour le catalan », a poursuivi la fondation.

Le lendemain, PuntCat envoyait une lettre à l’Icann, l’organisme chargé de gérer le système des noms de domaine à l’échelle mondiale, pour l’informer de la situation. « On nous demande de censurer du contenu et de nuire à la liberté d’expression sur les noms de domaine en “.cat” », s’indigne la fondation, en précisant s’être vu demander de bloquer « tous les noms de domaine en .cat qui pourraient contenir toute sorte d’information sur le référendum à venir ».

Le directeur de PuntCat arrêté

Restait encore ref1oct.eu. Ne pouvant agir ni sur le serveur, situé au Luxembourg, ni sur le nom de domaine, qui ne relève pas d’une organisation espagnole, les autorités ont trouvé un autre moyen de rendre le site inaccessible. Elles ont demandé aux principaux fournisseurs d’accès à Internet de le bloquer, ce qu’ils ont fait, rapportait samedi 16 septembre El Pais. Le site reste donc accessible à l’étranger, mais plus en Espagne.

Ce qui n’a pas signé la fin de l’offensive. Mercredi 20 septembre au matin, la police espagnole a perquisitionné les bureaux de la fondation PuntCat. Le même jour, le directeur technique de la fondation, Josep Masoliver, était arrêté.

La fondation a publié dans la foulée un communiqué virulent , exprimant « sa plus grande condamnation et indignation ». « Le spectacle auquel nous avons assisté dans nos bureaux ce matin est honteux et dégradant, indigne d’un pays civilisé. Nous sommes désemparés face à ces faits immensément disproportionnés », écrit la fondation, réclamant « la libération immédiate de [leur] collègue et ami ».