Donald Trump à la tribune lors de l’Assemblée générale de l’ONU, à New York, le 19 septembre 2017. / TIMOTHY A. CLARY / AFP

La question du nucléaire a été centrale lors de la 72e Assemblée générale de l’ONU, où les débats ont été dominés par les tentatives américaines de déficeler l’accord iranien ou par les inquiétudes liées au programme nucléaire de la Corée du Nord, qui a conduit son sixième test le 3 septembre. Mais une troisième initiative est passée plus inaperçue.

Au lendemain des propos incendiaires de Donald Trump, qui a fait vœu à la tribune des Nations unies « d’anéantir la Corée du Nord » si le régime communiste s’en prenait au territoire américain ou à celui de ses alliés, une cinquantaine d’Etats membres ont discrètement commencé à ratifier un traité bannissant l’usage des armes nucléaires. Ce texte avait été négocié courant 2017 avant d’être formellement approuvé par environ 120 pays dans le cadre de l’Assemblée générale de l’ONU le 7 juillet.

Contrairement aux armes biologiques et chimiques, il n’existait pas de traité interdisant l’usage des armes nucléaires. Celui-ci interdit désormais « en toutes circonstances de développer, tester, produire, fabriquer, acquérir, posséder ou stocker des armes nucléaires ou d’autres dispositifs nucléaires explosifs ». Il prohibe en outre la politique de dissuasion.

Les membres de l’OTAN ont dénoncé un traité « dangereusement naïf et qui ignore les réalités de l’environnement sécuritaire international »

Sa portée reste, pour l’instant, symbolique puisque les neuf Etats détenant l’arme nucléaire (France, Royaume-Uni, Etats-Unis, Russie, Chine, Pakistan, Israël, Inde et Corée du Nord) et les 29 pays membres de l’OTAN se sont abstenus. Dans un communiqué commun, les membres de l’Alliance atlantique ont dénoncé un traité « dangereusement naïf et qui ignore les réalités de l’environnement sécuritaire international ». Ils estiment, en outre, que ce texte n’aura « aucun impact sur la réduction du stock mondial » d’armes nucléaires.

Mais Antonio Guterres, qui est dépositaire de ce traité en qualité de secrétaire général de l’ONU, a estimé, au contraire, qu’il s’agissait d’un « pas important pour atteindre le but universel d’un monde débarrassé des armes nucléaires ».

Porté par le Brésil, le Mexique, l’Autriche, la Suède, le Bangladesh ou encore la Malaisie, ce texte – signé en premier par le dirigeant brésilien, Michel Temer – doit entrer en vigueur dans les quatre-vingt-dix jours suivant son adoption par 50 pays. A charge ensuite aux chefs de gouvernements de faire approuver le traité sous forme de loi par leur Parlement national. « Ce traité est une indication très claire que la vaste majorité du monde rejette les armes nucléaire et ne les considère pas comme des armes légitimes. Cela va créer une nouvelle norme ! », assure l’ICAN, un consortium d’ONG rassemblées dans la campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires.

Les Etats dotés ne sont pourtant pas prêts à désarmer. Lorsque le texte avait été négocié, en mars, dans le cadre des Nations unies, les Etats-Unis avaient fait pression pour que la communauté internationale s’élève contre un traité jugé du mauvais côté de l’histoire. « Il n’y a rien que je souhaite tant pour ma famille qu’un monde sans arme nucléaire, mais nous devons être réalistes. (…) Qui peut croire que la Corée du Nord accepterait une interdiction des armes nucléaires ? », avait ainsi déclaré l’ambassadrice américaine à l’ONU, Nikki Haley, aux côtés des représentants de Paris et de Londres.