Florian Philippot en juin à Forbach. / JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP

Florian Philippot, rétrogradé mercredi soir au rang de vice-président sans attribution du Front national pour avoir refusé de quitter la présidence de son association Les Patriotes, a annoncé jeudi 21 septembre sur France 2 qu’il « quittait le FN ».

« On m’a dit que j’étais vice-président à rien… Ecoutez, je n’ai pas le goût du ridicule, je n’ai jamais eu le goût de ne rien faire, donc bien sûr je quitte le Front national. »

Le numéro deux du parti refusait de quitter la présidence de son association, en dépit de l’ultimatum de la présidente du FN. Accusé d’entretenir des velléités d’indépendance, Florian Philippot s’était vu retirer mercredi l’élaboration de la stratégie et de la communication du Front national. La présidente du parti, Marine Le Pen, avait en effet décidé de ne lui laisser qu’une vice-présidence « sans délégation »

« J’ai vu des choses ces dernières semaines évoluer négativement, peut-être dans ce nouveau projet [de refondation souhaité par Marine Le Pen] je n’avais pas ma place, alors il fallait trouver des prétextes », a-t-il dit en référence aux critiques formulées en interne contre la création de son association Les Patriotes.

Démission de sa lieutenante Sophie Montel

La nouvelle orientation prise, selon M. Philippot, par le Front national va aboutir à un « rétrécissement » qui « inéluctablement va mener à une audience électorale beaucoup plus faible ».

Son « engagement politique reste intact, j’ai mes mandats, je continuerai à me battre », a-t-il par ailleurs annoncé. « Je suis gaulliste, je n’ai jamais renoncé à mes convictions, y compris en arrivant au FN, je me battrai donc. Sous quelle forme, on verra bien, ce n’est pas le moment d’en parler », a-t-il insisté.

Sur Twitter, sa principale lieutenante, l’eurodéputée Sophie Montel, a aussi annoncé sa démission du Front national, comme son directeur de cabinet Joffrey Bollée, conseiller régional francilien, ou d’autres de leurs proches ces derniers jours.

Artisan de la stratégie de dédiabolisation du parti

Ce haut fonctionnaire à l’Inspection générale de l’administration (IGA) de 35 ans a rencontré Marine Le Pen en 2009, en même temps que son frère Damien Philippot, et a commencé à travailler pour elle, d’abord sous pseudonyme. Fin 2011, il a été propulsé directeur stratégique de la campagne présidentielle de Mme Le Pen, et était depuis la principale figure du FN à intervenir au quotidien dans les médias.

Il a notamment été l’un des artisans de la stratégie visant à « dédiaboliser » le FN, qui a obtenu des résultats électoraux croissants avant une présidentielle et des législatives 2017 pas à la hauteur de ses espérances. Il est partisan d’une ligne davantage portée sur un souverainisme anti-Union européenne que sur le discours anti-immigration et identitaire.

Son départ du parti est la suite logique de plusieurs mois de conflit croissant entre la présidente du FN et celui qui était jusque-là considéré comme son bras droit et son alter ego idéologique. M. Philippot voyait diminuer ces derniers temps le nombre de ses soutiens internes. « S’il y avait un sondage interne, 90 % des frontistes demanderaient le départ de M. Philippot », estimait mercredi un proche de Marine Le Pen. Rien à voir, assurent plusieurs marinistes, avec Bruno Mégret, le « félon » qui avait quitté le FN en 1998 avec la moitié de ses cadres.