C’est en toute discrétion que la Fondation Bettencourt-Schueller, aide depuis 1987 des centaines de chercheurs, d’étudiants ou d’enfants pauvres. Unique donatrice de cette fondation, Liliane Bettencourt, morte le 21 septembre à l’âge de 94 ans, l’a dotée de façon très importante en apportant près de 900 millions d’euros, dont une bonne partie (552 millions) avait été versée à la mi-février 2010, après la vente par la milliardaire d’actions qu’elle détenait dans L’Oréal. C’est devenu l’une des fondations les mieux dotées d’Europe et les intérêts de ces sommes ont permis de financer des centaines de projets.

Déjà 235 millions d’euros ont été redistribués. Cette manne a pour l’heure été affectée à 53 % à l’éducation scientifique et à l’aide aux chercheurs, 30 % aux causes humanitaires et sociales, et le reste à la culture et aux arts.

En 2013, quinze jeunes docteurs en sciences ou en médecine ont par exemple reçu une bourse de 25 000 euros pour poursuivre leurs recherches postdoctorales à l’étranger. Chaque année un chercheur européen de moins de 45 ans spécialisé dans les sciences du vivant reçoit également un sérieux coup de pouce financier, tandis que des « coups d’élan » pour la recherche aident directement des laboratoires.

Liliane Bettencourt fut aussi l’une des premières à financer une chaire de l’innovation technologique au Collège de France. L’héritière du fondateur du groupe L’Oréal a par ailleurs permis l’existence d’une école doctorale interdisciplinaire européenne, Frontières du vivant, cohabilitée par les universités Paris Descartes et Paris Diderot. Celle-ci promeut des projets nécessitant le croisement de disciplines autour des questions posées par le vivant (épistémologie, mathématiques, biologie, informatique…)

Des financements dans la durée

« J’ai souhaité donner à la fondation la capacité de réaliser les projets qui me tiennent à cœur, sur une longue durée », avait précisé Liliane Bettencourt, qui voulait « accélérer les projets dans la recherche biomédicale et la formation des chercheurs », et créer « à Paris un centre spécifiquement dédié à ces activités ».

Depuis des années sont ainsi financés des programmes de recherche pour un vaccin contre le sida, à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris, ou des traitements ambulatoires en Afrique. La fondation favorise aussi la chirurgie dans les cas de lourdes pathologies cardiaques chez les enfants au Cambodge.

Les choix des projets aidés s’effectuent « en fonction de l’intérêt et de la gestion des projets, avec des financements dans la durée, en refusant les opérations de saupoudrage », explique-t-on à la fondation. C’est ainsi qu’ont été mis en chantier des programmes de relogement de plusieurs milliers de familles, de lutte contre l’illettrisme ou encore d’aide aux jeunes handicapés.

Habituellement discrète, Liliane Bettencourt participait souvent aux manifestations organisées par sa fondation. Elle était également l’une des rares à financer le chant choral ainsi que l’artisanat d’art, en attribuant chaque année le prix de « l’intelligence de la main » afin de mettre en lumière le travail de ceux qui perpétuent les métiers du patrimoine, comme l’ébénisterie, la facture instrumentale, la céramique… « L’argent, disait-elle, doit aider les gens qui ont du talent à entreprendre. »