Le Kenyan Eliud Kipchoge a remporté le marathon de Berlin, mais échoué dans sa quête du record du monde. / MICHAEL DALDER / REUTERS

Il est toujours particulier de dire qu’un sportif s’est manqué lorsqu’il vient de boucler quarante-deux kilomètres en un peu plus de deux heures, soit une moyenne hallucinante de 20,5 km/h. Mais le Kényan Eliud Kipchoge, vainqueur du marathon de Berlin dimanche 24 septembre, n’a coché que l’un de ses deux objectifs de la journée.

Il s’est certes imposé en patron, alors que ses deux adversaires principaux, son compatriote Wilson Kipsang et l’Éthiopien Kenenisa Bekele ont abandonné. Mais sur le parcours très roulant de Berlin, véritable fabrique à records, Kipchoge n’a pas amélioré la meilleure marque de l’histoire : avec un chrono final de 2 h 03 min 32 s, il a échoué à 35 secondes du vrai record du monde toujours détenu par un autre Kenyan, Dennis Kimetto (c’était en 2014, à Berlin évidemment).

Eliud Kipchoge a déjà gagné le titre suprême : une médaille d’or aux Jeux olympiques 2016 de Rio. Pour le record du monde, il attendra encore. A Berlin, sur ce tracé aux longues lignes droites et aux quelques mètres de dénivelé seulement, Eliud Kipchoge a pourtant fait une course quasi parfaite. Au point de se retrouver avec un seul rival, le néophyte Guye Adola qui disputait là son premier marathon et n’a pu l’empêcher de remporter la victoire. Comme en mai à Monza, en Italie, Kipchoge s’est retrouvé à une poignée de secondes d’un exploit retentissant.

Recordman officieux

Il y a cinq mois, le Kényan s’était retrouvé au centre d’un grand barnum baptisé « Breaking2 » et soigneusement organisé par son équipementier, Nike. En français dans le texte : « Casser » les deux heures. Sur le circuit automobile de Monza, le meilleur marathonien du moment s’était lancé à l’assaut de cet immense défi : courir le marathon en moins de deux heures. Équipé de chaussures munies d’une lame en carbone, bénéficiant de nombreux « lièvres » pour régler son allure et d’une voiture pour le protéger du vent, Kipchoge avait échoué à 25 petites secondes de la barre des deux heures, devenant le recordman du monde officieux du marathon. Ces conditions de courses particulières avaient cependant rendu inenvisageable l’homologation du record.

Faster: The Story of Breaking 2 - Documentaire intégral
Durée : 55:00

Bien remis de cet effort quasi surhumain, Kipchoge abordait Berlin dans la peau du favori, avec l’objectif affiché de faire tomber le record du monde. Mais les conditions climatiques pluvieuses l’en ont empêché. Certes, le Kényan réalise là la septième meilleure performance de tous les temps et rentre un peu plus dans la légende de son sport. Mais il n’est toujours pas parvenu à battre ce record du monde, spécialité berlinoise depuis 2003. Depuis cette date, la meilleure performance de l’histoire a été améliorée à six reprises, à chaque fois à Berlin, passant de 2 h 04 min 55 s à 2 h 02 min 57 s.

Critiqué pour avoir participé au grand cirque Nike, bien loin de la tradition du marathon dans sa forme la plus pure, Kipchoge a tout de même remis les points sur les « i ». Il est désormais champion olympique, double vainqueur du marathon de Londres et double vainqueur à Berlin. Et on peut sans trop se tromper parier qu’il sera l’an prochain au départ de ce marathon spécial record, pour faire tomber une nouvelle barrière.