Frauke Petry était en déaccord depuis plusieurs semaine avec la ligne identitaire et extrémiste adoptée par le parti durant la campagne. / Markus Schreiber / AP

Première victoire, et premières difficultés pour l’Alternative pour l’Allemagne (AfD). A peine élue, Frauke Petry, l’une de ses dirigeantes, a annoncé lundi 25 septembre son refus de siéger pour le parti d’extrême droite à la chambre des députés en raison de déclarations agressives du mouvement lors des élections. Pour la première fois depuis 1945, un parti d’extrême droite est entré au Parlement allemand dimanche. Avec près de 13 % des voix, l’AfD a remporté 94 sièges.

« J’ai décidé, après mûre réflexion, de ne pas siéger au sein du groupe parlementaire » du parti au Bundestag, a déclaré Mme Petry lors d’une conférence de presse à Berlin, au côté des autres dirigeants du mouvement anti-immigration, avant de quitter la salle. La coprésidente du parti entend ainsi protester contre la radicalisation du mouvement. Ces dernières semaines, l’AfD a en effet multiplié les attaques verbales envers les migrants et les musulmans, et certains de ses membres ont prêché la fin de la repentance pour les crimes nazis.

A sa création, en 2013, l’AfD avait clairement l’ambition, et cela est resté le cas jusqu’en 2015, « d’exercer rapidement des responsabilités gouvernementales », a déclaré Mme Petry, ajoutant que cela était toujours son objectif. Mais l’AfD dans sa forme actuelle, si elle « peut réussir dans l’opposition, ne peut pas faire aux électeurs d’offre crédible pour une prise du gouvernement », juge-t-elle.

Décision « regrettable »

Frauke Petry « a tourné le dos au parti », a réagi le coprésident du parti, Jörg Meuthen, lors de la même conférence de presse, qualifiant cette décision de « regrettable ». Mais « c’est sa décision, pas la nôtre », a simplement commenté le cochef de liste du parti, Alexander Gauland.

Ce dernier était en conflit ouvert avec Frauke Petry, qui lui reproche d’avoir proclamé de manière belliqueuse que l’AfD allait ouvrir « la chasse » à Angela Merkel après son succès électoral. « Il s’agit d’une rhétorique qui n’est pas constructive pour les électeurs modérés », a condamné Mme Petry.

Son départ surprise, au lendemain même du scrutin, illustre les rivalités intestines permanentes de ce mouvement, partagé entre un courant national-libéral, en perte de vitesse, et un courant identitaire et extrémiste, qui paraît avoir pris le dessus à l’occasion de la campagne électorale.