Le ministre des finances espagnol, Luis de Guindos, s’entretient avec le ministre des finances grec, Euclid Tsakalotos, à Bruxelles, lundi 9 mai 2016. / Geert Vanden Wijngaert / AP

La décision est symbolique mais témoigne du retour de la stabilité financière en Grèce. L’Union européenne (UE) a annoncé, lundi 25 septembre, la clôture de la procédure de déficit excessif ouverte depuis 2009 contre la Grèce, récompensant ainsi les efforts d’Athènes pour réformer son économie.

« Après plusieurs années de graves difficultés, les finances de la Grèce sont en bien meilleur état », a souligné le ministre estonien des finances, Toomas Toniste, dont le pays assure actuellement la présidence tournante de l’Union européenne. La Commission avait recommandé mi-juillet de clore ce processus contre la Grèce ; une proposition formellement validée lundi matin par le Conseil de l’UE, qui représente les Etats membres.

Une procédure de déficit excessif permet à la Commission européenne de mettre sous surveillance les pays qui ne respectent pas les critères de convergence de l’UE, à savoir un déficit inférieur à 3 % du PIB et une dette publique inférieure à 60 % du PIB. La procédure prévoit la possibilité de sanctions financières à l’égard des Etats non respectueux de ces normes, mais l’UE n’y a, pour l’instant, jamais eu recours.

La Grèce, dont le déficit public a très largement dépassé la limite des 3 %, et ce durant plusieurs années, avait été placée sous le coup de cette procédure en 2009, alors que son déficit atteignait 15,1 % du PIB. Cette décision avait ouvert la « crise des dettes publiques en Europe », à partir de 2010.

Trois pays – le Royaume-Uni, l’Espagne et la France – sont encore sous le coup de cette procédure, alors qu’ils étaient 24 en 2011.

Lourdes réformes

La Grèce est parvenue à dégager un excédent budgétaire de 0,7 % du PIB en 2016 et devrait rester en dessous du seuil de 3 % en 2017 et 2018, selon les prévisions de la Commission. Le pays reçoit toujours un plan d’aide de 86 milliards d’euros qui lui avait été accordé en juillet 2015 par la zone euro et le Fonds monétaire international (FMI). Ce plan, relancé par un accord il y a trois mois, court jusqu’en août 2018 et doit permettre à Athènes de faire face – du moins en partie – à sa dette colossale, qui atteint toujours près de 180 % de son PIB.

Par ailleurs, après trois ans d’absence des marchés, la Grèce a réussi à la fin de juillet à lever trois milliards d’euros à cinq ans, une émission d’obligations considérée comme « un test » pour préparer le refinancement obligatoire du pays sur les marchés à l’issue du programme d’aide. « Un second et même un troisième essai pourraient avoir lieu d’ici à la fin du programme », avait alors assuré le ministre grec des finances, Euclide Tsakalotos.

« La décision d’aujourd’hui est la reconnaissance des terribles efforts et des sacrifices réalisés par les Grecs pour redresser leurs finances publiques », a estimé le commissaire européen aux affaires économiques, Pierre Moscovici.

Ce redressement des comptes publics s’est fait au prix de lourdes réformes pour la population. Les salaires réels ont diminué au rythme annuel moyen de 3,1 %. Depuis 2010, les retraites ont été abaissées à onze reprises. Le chômage reste à 24 %, celui des jeunes à 46 %. Plus de 4 % des Grecs sont partis à l’étranger depuis 2008 et 36 % de la population risque de sombrer dans la pauvreté ou l’exclusion sociale – contre 23 % en moyenne pour l’ensemble de la zone euro.