Le Sénat, le 7 avril 2015. / CHARLES PLATIAU / REUTERS

Il est d’usage de dire que le Sénat est un amortisseur des mouvements de balancier électoraux. En l’occurrence, lors du renouvellement par moitié de ses effectifs, dimanche 24 septembre, il aura clairement joué un rôle de contre-balancier. Le grand chambardement qui avait suivi à l’Assemblée nationale l’élection d’Emmanuel Macron n’a pas eu lieu au Sénat.

Bien au contraire, ce scrutin aura conforté la majorité sénatoriale de droite, qui gagne 26 sièges et dispose désormais de 210 sièges sur 348. Reste maintenant à déterminer comment s’opérera la recomposition des groupes parlementaires compte tenu des nombreuses incertitudes demeurant tant en ce qui concerne la création ou non d’un groupe « constructif », prêt à soutenir une partie des réformes mises en œuvre par l’exécutif, le devenir commun des centristes ou les effets des règles de non-cumul, qui vont contraindre un nombre non négligeable de sénateurs à choisir entre leur mandat parlementaire et leur fonction exécutive locale.

La droite enregistre donc les effets logiques des victoires qu’elle avait remportées aux scrutins locaux intermédiaires, notamment aux élections municipales de 2014 et départementales de 2015. C’est-à-dire avant les bouleversements politiques de 2017. Les Républicains (LR) auront au moins une fois et de mie plus de sénateurs que de députés. La gauche résiste, elle aussi, mieux au Sénat, du fait de son implantation locale, qu’elle n’a pu le faire à l’Assemblée nationale. Elle limite ses pertes à 13 sièges. En l’état, sous réserve d’éventuels ralliements, le PS compte plus de deux fois plus de sénateurs que de députés !

104 nouveaux élus

Sur les 171 sièges à pourvoir, 104, soit environ 60 %, reviennent à de nouveaux élus. Le Sénat enregistre donc, lui aussi, un important renouvellement – même si celui-ci ne marque pas l’émergence de nouveaux équilibres politiques. Conséquence directe, encore une fois, de l’application des nouvelles règles de non-cumul, qui vont également affecter les sénateurs de la série non renouvelable, ceux-ci ayant dans le mois qui vient à se prononcer sur le mandat qu’ils vont conserver.

Malgré ce renouvellement significatif, la moyenne d’âge du Sénat, elle, ne baisse pas. A l’issue du scrutin, elle est de 61 ans, soit strictement équivalente à ce qu’elle était après le renouvellement de 2014. Plus de la moitié des sénateurs (54 %) ont plus de 60 ans. Le doyen, en l’état, est le sénateur (LR) de la Gironde Gérard César, âgé de 82 ans. Toutefois, celui-ci, également maire de Rauzan, a annoncé qu’il quitterait son mandat de sénateur pour se conformer à la règle du non-cumul. Reste à savoir s’il le fera avant la séance d’ouverture des travaux du Sénat, lundi 2 octobre, qui sera présidée par le doyen d’âge, à qui revient l’honneur – très convoité – de prononcer le discours avant l’élection du président du Sénat.

A l’issue du scrutin du 24 septembre, le Sénat compte 102 sénatrices, soit 29,3 % de femmes. Un pourcentage en progression régulière – il était de 25 % après le précédent renouvellement de 2014. Toutefois bien inférieur à la proportion de femmes à l’Assemblée nationale depuis les dernières élections législatives, qui a bondi à près de 40 %. La parité théorique dans les scrutins à la proportionnelle n’empêche pas que les hommes occupent en majorité les têtes de liste.