Le ministre la défense américain, Jim Mattis, a assuré, mardi 26 septembre, lors d’une conférence de presse à New Delhi, en Inde, que le « but » des Etats-Unis était « de résoudre ça diplomatiquement », le « ça » renvoyant à la crise actuelle avec la Corée du Nord.

« Nous gardons les capacités de contrer les menaces les plus dangereuses de la Corée du Nord, mais également d’appuyer nos diplomates de manière à cantonner cela le plus longtemps possible au niveau diplomatique », a-t-il précisé, alors que Pyongyang a menacé de procéder à un essai de bombe H dans l’océan Pacifique la semaine dernière.

Après plusieurs semaines de rhétorique belliqueuse de la part de Donald Trump contre la Corée du Nord, cette déclaration marque un changement de ton de Washington.

Dimanche, le président états-unien a annoncé un nouveau décret migratoire interdisant d’entrée, entre autres, les citoyens nord-coréens. La veille, des bombardiers américains avaient volé près des côtes nord-coréennes pour envoyer un « message clair » au dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un, selon le Pentagone.

Le même jour, le chef de la diplomatie nord-coréenne, Ri Yong-ho, faisait son discours à l’Organisation des Nations unies, qualifiant M. Trump de « personne dérangée » et « mégalomane ». Quelques jours plus tôt, à la même tribune, le président américain avait menacé de « détruire totalement » la Corée du Nord si le pays attaquait les Etats-Unis.

« Déclaration de guerre »

Lundi, la Corée du Nord avait accusé Donald Trump de lui avoir « déclaré la guerre », en envoyant des bombardiers près de ses côtes. Le ministre des affaires étrangères nord-coréen a menacé ainsi directement l’armée américaine :

« Nous avons tous les droits pour prendre des contre-mesures, y compris le droit d’abattre des bombardiers stratégiques, même s’ils ne se trouvent pas encore dans l’espace aérien de notre pays. »

« Trump a affirmé que nos dirigeants n’allaient plus être au pouvoir pour longtemps », s’est insurgé le chef de la diplomatie nord-coréen. « La question de savoir qui ne restera pas là longtemps va trouver une réponse », a-t-il menacé.

« Nous n’avons pas déclaré la guerre à la Corée du Nord et, franchement, une telle suggestion est absurde », a rétorqué Sarah Huckabee Sanders, porte-parole de l’exécutif américain. « Nous avons le droit de voler, de naviguer et d’opérer partout dans le monde où c’est légalement permis », a fait valoir le Pentagone.

Reste que cet acte a ajouté une pression militaire à des tensions politiques qui ont duré toute la semaine, à l’occasion d’une surenchère d’insultes et de menaces de la part des deux pays.

La guerre serait « encore pire »

Dimanche, le ministre des affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, avait déjà mis en garde contre « une catastrophe imprévisible » en cas de dérapage entre les deux pays. Selon lui, la crise actuelle peut être résolue par « des caresses, des suggestions et de la persuasion ».

La Chine, principale alliée de Pyongyang et première partisane d’une solution diplomatique à la crise, a également prévenu mardi que « personne ne sortirait vainqueur d’une guerre dans la péninsule coréenne, qui serait encore pire pour la région ». Le porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois s’est inquiété que « les provocations mutuelles » accroissent « le risque d’une confrontation ».

« Nous espérons que les responsables politiques américains et nord-coréens auront suffisamment de jugement politique pour comprendre que le recours à la force militaire ne sera jamais une façon viable de résoudre la question de la péninsule », a-t-il ajouté, alors que l’agence de presse sud-coréenne relevait mardi que la Corée du Nord semblait avoir renforcé ses défenses sur la côte orientale du pays.