Le président de la région autonome du Kurdistan irakien, Massoud Barzani, à Erbil, le 24 septembre. / KHALID MOHAMMED/AP

Depuis le déclenchement du conflit syrien et ses répercutions chaotiques dans l’ensemble du Proche-Orient, le mouvement national kurde est travaillé par un antagonisme qui n’a cessé de se renforcer entre deux forces. D’un côté, le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) de Massoud Barzani, qui domine le Kurdistan irakien, de l’autre, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation politico-militaire originaire de Turquie et d’inspiration marxiste. L’implantation du PKK, qui dispose d’une galaxie de partis frères, est bien plus large puisqu’il est présent en Turquie, mais aussi en Syrie, en Iran et même dans le nord de l’Irak.

De fait, le PKK domine le territoire kurde syrien dont il a exclu les alliés locaux du parti de M. Barzani tout en renforçant son influence dans la région yézidie de Sinjar et dans les régions du sud du Kurdistan irakien qui sont hostiles à ce dernier. En guerre contre Ankara, le PKK n’a pas cessé de dénoncer au cours des années écoulées les relations politiques et économiques entretenues par le clan Barzani avec la Turquie, qui a mené à plusieurs reprises des raids sur les bases arrière du PKK en Irak avec l’assentiment du PDK.

Antagonisme entre PKK et PDK

Pour contrer cette alliance, le PKK s’est rapproché du gouvernement central irakien de Bagdad. L’antagonisme entre les deux partis, porteurs de modèles politiques radicalement différents, a ainsi tourné à la franche hostilité, voire aux affrontements armés ces dernières années.

Fait rare pourtant, la décision capitale prise par M. Barzani de mener à bien un référendum pour l’indépendance du Kurdistan irakien n’a pas suscité la désapprobation globale du PKK. L’opposition de la Turquie au référendum organisé par le PDK et le rapprochement balbutiant entre Ankara et Bagdad qui en a résulté pourraient ouvrir la voie à des relations moins tendues entre les deux forces kurdes, confrontées à un environnement régional unanimement hostile. Il est cependant trop tôt pour évoquer une quelconque unité kurde.