Le président français, Emmanuel Macron, lors de son discours dans l’amphithéâtre de la Sorbonne à Paris, le mardi 26 novembre 2017. / Ludovic Marin / AP

Parquet européen contre le terrorisme, force commune d’intervention, office européen de l’asile… Le président de la République a exposé, mardi 26 septembre, à la Sorbonne, une série de propositions et une méthode pour élaborer une feuille de route sur dix ans pour l’Union européenne.

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Avant de présenter ses propositions, le président français a établi son diagnostic sur les institutions européennes. Emmanuel Macron considère qu’il est essentiel de relancer l’Europe face aux « grands défis » du monde :

« L’Europe que nous connaissons est trop faible, trop lente, trop inefficace mais l’Europe seule peut nous donner une capacité d’action dans le monde face aux grands défis contemporains. »
  • Sécurité et défense

Le chef de l’Etat a proposé de renforcer l’Europe de la défense et de la sécurité en créant notamment :

  • une « force commune d’intervention » européenne
  • un budget de défense commun et une « doctrine commune » pour agir
  • une académie européenne du renseignement
  • un parquet européen contre le terrorisme
  • un office européen de l’asile
  • une police européenne des frontières.

Sur la sécurité, le président a aussi abordé l’aspect écologique : « Les bouleversements climatiques menacent. » Il appelle à la création d’une « force européenne de protection civile mettant en commun les moyens de secours et d’intervention pour répondre aux catastrophes de moins en moins naturelles comme les séismes et les inondations ».

  • Economie et commerce

Concernant le volet économique, le président français souhaiterais voir se créer au niveau européen « une taxe sur les transactions financières », qui serait « affectée intégralement à l’aide » au développement. « Il y a deux pays en Europe qui ont une taxe sur les transactions financières » : la France et la Grande-Bretagne. « Prenons cette taxe, généralisons-la à l’ensemble de l’Europe », a-t-il lancé.

Le président souhaite également, d’ici à 2020, une « fourchette de taux » commune d’impôt sur les sociétés. « Son respect ouvrirait le droit aux fonds structurels », détaille-t-il.

Pour rester concurrentiel à l’échelle mondiale, Emmanuel Macron a abordé la question du renforcement de la zone euro, et la nécessité de créer :

  • « un budget plus fort au cœur de la zone euro »
  • un ministre des finances de la zone euro
  • un contrôle démocratique
  • Ecologie

Au sujet de la transition énergétique, le président suggère de fixer au niveau européen un « juste prix » pour le carbone – dont les échanges permettent de pénaliser les industries polluantes – « suffisamment élevé » pour encourager la transition écologique, d’au moins 25 à 30 euros la tonne.

Il a aussi proposé de mettre en place aux frontières européennes une taxe sur le carbone qui pèserait sur les importations issues d’industries polluantes, afin « d’assurer l’équité entre les producteurs européens et leurs concurrents ».

  • Numérique et innovation

Sur le volet « numérique », le président souhaite créer une agence européenne pour l’innovation, capable de financer en commun des champs de recherche nouveaux, comme l’intelligence artificielle.

« Créons dans les deux ans une agence européenne pour l’innovation, pour être en position d’innovateur et non de suiveur. »

Il a cité pour modèle l’agence américaine de recherche militaire DARPA, agence du département de la défense des Etats-Unis chargée de la recherche et développement des nouvelles technologies, qui dans les années 1970 a été à l’origine de la création d’Internet.

Le président veut également créer des « champions européens » dans la transition numérique. « Le marché unique du numérique est une occasion à saisir pour protéger les données économiques de nos entreprises », a-t-il par ailleurs déclaré. Emmanuel Macron a aussi rappelé sa volonté de taxer les entreprises numériques en taxant la valeur « là où elle se crée », et de réguler les grandes plateformes.

  • Institutions

« Nous devons refonder le projet européen par et avec le peuple », a déclaré Emmanuel Macron, en appelant à « un vaste débat sur l’Europe dans les pays qui le souhaitent ». « Un débat ouvert, libre, transparent et européen » pour « offrir un contenu à l’Europe avant les élections européennes de 2019 ».

Le président français propose :

  • Que la moitié du Parlement européen soit élue sur des listes transnationales ;
  • « Une Commission européenne à quinze membres ».
  • Jeunesse

Devant les étudiants de la Sorbonne, Emmanuel Macron a aussi déclaré vouloir « que chaque étudiant parle au moins deux langues européennes d’ici 2024 ». « La moitié de chaque classe d’âge devra aussi avoir passé au moins six mois dans un pays européen. « L’Europe du multilinguisme est une chance », a-t-il poursuivi.