Après les protestants, les chrétiens d’Orient. Emmanuel Macron est resté, lundi 25 septembre, dans la tonalité très spirituelle de son week-end, débuté vendredi par un discours en hommage au 500e anniversaire de la Réforme protestante. Lundi, il a inauguré, en compagnie de son homologue libanais Michel Aoun, lui-même un chrétien maronite, en visite d’Etat à Paris, l’exposition de l’Institut du monde arabe (IMA) « Chrétiens d’Orient, deux mille ans d’histoire ».

Devant un parterre de patriarches, prélats et « saintetés » des différentes Eglises d’Orient, mais aussi de personnalités comme le chanteur d’origine arménienne Charles Aznavour, l’homme d’affaire copte égyptien Naguib Sawiris ou encore l’ambassadeur d’Arabie saoudite, Emmanuel Macron s’est adressé directement aux chrétiens d’Orient : « Vous êtes la trace vibrante de ce qui résiste à l’imbécillité des hommes ».

Il a répété l’engagement de la France aux côtés des chrétiens d’Orient, dont elle se considère la protectrice historique, notamment au Liban. « Je veux dire aux chrétiens d’Orient que la France est à leurs côtés, que notre priorité sera bien la défense de leur histoire », a-t-il assuré, en répétant à plusieurs reprises que l’histoire commune et les liens passés « obligent » la France.

De 1,25 million à environ 500 000 fidèles en six ans

Contrairement à son homologue libanais, qui s’est cantonné à des généralités, le président français a évoqué l’actualité, rappelant les persécutions menées par l’organisation Etat islamique (EI) contre les minorités chrétiennes en Syrie et en Irak, mais aussi en Egypte, où les « 6 à 8 millions de Coptes » sont la cible d’attentats réguliers.

Il a aussi cherché à dépolitiser la défense des chrétiens d’Orient, souvent portée par la droite conservatrice et l’extrême droite françaises, ainsi que par les supporters du régime de Damas et du Kremlin : « Je refuse les raccourcis qui parfois ont voulu, dans cette région, opposer deux camps. On a parfois voulu dire que défendre les chrétiens d’Orient, ce serait accepter toutes les compromissions. Non. Défendre les chrétiens d’Orient, ce n’est pas défendre Bachar Al-Assad. Défendre les chrétiens d’Orient, c’est être à la hauteur de l’exigence historique qui est la nôtre ».

En six ans de conflit en Syrie, la communauté chrétienne du pays est passée de 1,25 million à environ 500 000 fidèles, selon ADF International, une association basée à Vienne défendant la liberté religieuse. Un chiffre impossible à vérifier, mais la fuite est réelle et significative.

Bachar Al-Assad se présente régulièrement comme le défenseur des minorités face à la rébellion majoritairement sunnite et aujourd’hui dominée par les islamistes. Quant à l’Eglise orthodoxe russe, elle n’a pas hésité à bénir l’intervention militaire du Kremlin en Syrie. Mais les opposants au dictateur syrien, notamment chrétiens, voient surtout dans cette « posture » une « manipulation » destinée à gagner les faveurs de l’opinion occidentale.

Faire une place pour « toutes les minorités »

Le président français a élargi son propos à toutes les minorités du Proche-Orient, citant notamment les Yézidis, qui ont fait l’objet d’une tentative d’extermination de la part des djihadistes de l’EI et dont une partie de la population, en particulier les femmes, a été réduite en esclavage.

« Partout où des minorités défendent leur foi, la France est à leurs côtés (…) parce que nous croyons au pluralisme », a ainsi déclaré M. Macron, qui a estimé que la solution politique et durable qu’il appelle de ses vœux en Syrie devra faire une place pour « toutes les minorités ».

Il a rappelé que c’est à l’initiative de la France qu’une réunion s’était tenue en mars 2015 au Conseil de sécurité des Nations unies, à New York, pour évoquer le sort des minorités religieuses persécutées au Proche-Orient. Une première dans l’histoire de l’ONU. M. Macron a enfin mis en avant le Fonds de soutien aux victimes de violences religieuses, pour lequel Paris a promis 20 millions d’euros pour la période 2015-2018.