Emmanuel Macron à l’Elysée le 25 septembre. / LUDOVIC MARIN / AFP

Emmanuel Macron présente mardi 26 septembre ses propositions pour refonder l’Europe, avec des « mesures emblématiques » et des chantiers de réforme qui devront entraîner l’adhésion de ses partenaires européens, au premier chef Angela Merkel, certainement plus difficile à persuader après sa difficile réélection.

C’est dans le grand amphithéâtre de l’université de la Sorbonne, à Paris, que le président annoncera à 15 heures ces propositions promises depuis des semaines. Il devra aussi convaincre un public d’étudiants, qui pourront lui poser des questions. Le syndicat Unef en a profité pour appeler à un rassemblement devant la Sorbonne pour l’interpeller sur les conditions d’études et l’accès à l’université.

Relancer la machine

Le chef de l’Etat espère relancer la machine européenne, dépourvue selon lui de vision de long terme depuis des années, affaiblie par une ouverture à tous vents à la mondialisation et enlisée dans la bureaucratie, la surréglementation et des décisions à l’unanimité, freinées notamment par le Royaume-Uni. Mais le Brexit et la montée des populismes anti-européens, et surtout sa propre élection sur un programme pro-européen, lui font dire que le moment est venu de refonder l’Europe sur de nouvelles bases et que les Etats-membres peuvent s’y rallier.

Il détaillera une méthode de travail pour avancer sur cinq chantiers clés : le numérique, le climat, la sécurité et la défense, la question migratoire et les questions économiques et commerciales, sans rechercher ni unanimité ni « plus petit commun dénominateur ».

Pays pionniers

Paris veut au contraire que les pays les plus volontaires sur chaque dossier aillent beaucoup plus loin dans l’intégration, explique l’Elysée. Les « pionniers » pourront ensuite être rejoints par d’autres, comme pour les accords de Schengen. Et « les pays qui ne voudraient pas ne pourraient pas empêcher les autres d’avancer ».

Ainsi, espère Paris, peuvent se constituer des « Europes à plusieurs formats », au cas par cas. Par exemple la Pologne, opposée à une réforme de la directive sur le travail détaché, veut avancer sur l’Europe de la défense.

Objectif d’Emmanuel Macron : une feuille de route globale vers l’été 2018. Et à long terme, vers 2024 selon l’Elysée, une Europe plus intégrée, souveraine, dépositaire d’une partie de la souveraineté de la France, et qui protège face au monde extérieur.

Pour préparer le terrain, le chef de l’Etat a, depuis son élection, réussi à voir en tête à tête 22 des 27 dirigeants de l’UE.

Ministre et budget pour la zone euro

M. Macron va aussi dévoiler des « mesures emblématiques », « concrètes », capables de faire adhérer les citoyens à l’Europe, comme un Erasmus élargi ou encore une Agence européenne de l’innovation.

Au programme également, un système de taxation des géants du numérique, qui sera au menu vendredi d’un sommet européen sur le numérique à Tallinn (Estonie).

Emmanuel Macron plaide aussi pour un ministre des finances et un budget spécifique pour les 19 pays de la zone euro, contrôlé par un « parlement de la zone euro », émanation restreinte du parlement européen.

Il a tenu à attendre le résultat des élections allemandes de dimanche pour présenter son projet, la France ne pouvant réformer l’Europe sans l’appui du plus puissant pays de l’UE.

Quid de l’Allemagne ?

Mais le vote allemand risque de freiner ses ambitions : la victoire de la chancelière, plus courte que prévu, pourrait l’obliger à s’allier aux libéraux du FPD, hostiles aux propositions françaises. « Nous ne voulons pas de nouveaux budgets pour des transferts financiers en Europe », a prévenu leur président, Christian Lindner, ni « un budget de la zone euro (...) où l’argent atterrirait en France pour les dépenses publiques ou en Italie pour réparer les erreurs de Berlusconi », qualifié de « ligne rouge ».

Mme Merkel a semblé récemment plus prudente face aux propositions du président français. « Ce n’est pas le vocabulaire à lui seul – ministre européen des finances, budget de la zone euro – qui est important mais aussi ce qui se cache derrière. Et sur ce point, je suis en discussion avec le président français », « mais le moment n’est pas venu de dire ceci va ou ceci ne va pas », a-t-elle répété lundi.

Autre sonnette d’alarme, le parti d’extrême droite AfD, hostile à l’euro, a obtenu un historique 12,6 %. Le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, s’est d’ailleurs inquiété des conséquences de « la victoire amère » de Mme Merkel, ternie par la montée d’une extrême droite « très violente, très dure, très radicale ».