La bouffée d’air était pour le moins attendue dans le milieu universitaire. Le budget de l’enseignement supérieur et de la recherche augmente de plus de 700 millions d’euros en 2018 par rapport au budget initial de 2017. « C’est la preuve de la confiance qui est faite dans la jeunesse et dans l’avenir », s’est réjouie Frédérique Vidal, la ministre de l’enseignement supérieur, qui a annoncé cette hausse dès jeudi 14 septembre. Une progression saluée par la Conférence des présidents d’université (CPU) et plusieurs syndicats d’enseignants et d’étudiants.

« Près de 200 millions supplémentaires sont accordés aux établissements pour leur permettre d’accueillir davantage d’étudiants ainsi que de préparer la mise en œuvre, à la rentrée 2018, d’une réforme du premier cycle », précise le gouvernement dans ses éléments d’analyse, où il assure que, « pour la première fois », le budget permettra de financer l’augmentation de la masse salariale due à l’évolution de carrière de leurs personnels fonctionnaires.

39 700 étudiants de plus

La question budgétaire est particulièrement sensible dans un secteur qui souffre fortement du manque de moyens : depuis trois ans, les universités accueillent entre 20 000 et 40 000 étudiants de plus chaque année, sans voir leurs moyens progresser (hormis en 2017, dernière année du quinquennat Hollande, avec 850 millions d’euros supplémentaires).

En arrivant au pouvoir, le gouvernement a pourtant décidé de couper 331 millions d’euros, dans le cadre des économies décidées à l’été sur le budget 2017, provoquant l’incompréhension et la colère. 39 700 étudiants de plus sont attendus en cette nouvelle rentrée. Une quinzaine d’universités se trouvaient dans une situation financière dégradée ou très dégradée en 2016, selon une note de la Cour des comptes publiée en mai.

Pour le budget 2018, les présidents d’université restent néanmoins prudents. « Nous attendons de voir le détail de cette augmentation et quelle part concernera l’université », remarque Gilles Roussel, à la tête de la CPU. Le détail du découpage entre les différents programmes budgétaires (formation, vie étudiante, recherche…) aura en effet toute son importance. De même que les tours de passe-passe auxquels sont habitués les universitaires : « Une partie de ces moyens sera-t-elle destinée à financer des appels à projets du grand plan d’investissement [annoncé par Jean Pisani-Ferry, lundi] ? », interroge-t-il, craignant alors « une croissance en trompe-l’œil ».

Pour le Syndicat national de l’enseignement supérieur (Snesup-FSU), en revanche, le compte n’y est pas du tout. « Avec 170 000 étudiants de plus qu’en 2009, et 350 000 de plus attendus pour 2025, c’est un budget en croissance de 2 milliards d’euros par an pendant dix ans qui serait nécessaire pour l’enseignement supérieur. Et d’1 milliard d’euros pour la recherche », défend le syndicat.