Le Parisien Adrien Rabiot (à gauche) face à Montpellier, le 23 septembre. / PASCAL GUYOT / AFP

Son nom est de plus en plus scandé par le public du Parc des Princes. Et la réception du Bayern Munich, mercredi 27 septembre, lors de la deuxième journée de la phase de poules de Ligue des champions, devrait permettre, une nouvelle fois, à Adrien Rabiot de mesurer son incroyable popularité. A 22 ans, le milieu relayeur du Paris-Saint-Germain a, après des moments de doute, fini par s’imposer dans le onze aligné par son entraîneur Unai Emery. A force d’enchaîner les prestations convaincantes, le longiligne gaucher a acquis un statut privilégié aux côtés des Neymar, Mbappé et consorts, tout en se mettant dans la poche le staff du PSG.

« Adrien est capable de beaucoup grandir. Il a cette humilité pour grandir », a glissé Unai Emery, le 12 septembre, après le festival offensif (5-0) de ses joueurs à Glasgow, contre les Ecossais du Celtic, lors de la journée d’ouverture de Ligue des champions. La prestation, livrée ce soir-là, sous une pluie battante, par Rabiot, a été louée par des commentateurs européens en pâmoison. Entamé la saison passée, l’envol du jeune francilien a d’ailleurs conduit l’expérimenté Blaise Matuidi, 30 ans, à quitter cet été le PSG pour rallier la Juventus Turin.

Adrien Rabiot ● Defensive & Dribbling Skills ● 2017/18
Durée : 04:03

Rabiot s’est installé à sa place, au poste de milieu relayeur où il peut à la fois mettre en valeur ses talents de récupérateur et sa capacité à jouer vite vers l’avant, avec une qualité technique supérieure à son prédécesseur. Le jeune homme fait d’ailleurs régulièrement savoir qu’il n’aime pas évoluer en sentinelle devant la défense, où il est souvent amené à suppléer Thiago Motta, 34 ans.

Signe que sa cote monte dans le football européen, Adrien Rabiot s’est vu récemment encensé par un joueur qui, qu’il joue en numéro 6 ou numéro 8, fut le meilleur du monde à son poste il y a quelques années : l’Espagnol Xavi. « Rabiot pourrait jouer au FC Barcelone et il s’y adapterait sans problème. Il sait organiser le jeu, défendre, dribbler, attaquer. Bref, c’est un joueur complet, aussi utile avec le ballon que sans », a dit l’ancien Barcelonais dans une interview au Parisien.

A l’aise dans l’entrejeu du PSG, Rabiot s’illustre d’autant plus que ses partenaires Marco Verratti, prié par sa direction de changer d’agent et de refuser les avances du FC Barcelone, et Thiago Motta, dont l’impact tend à décliner, se distinguent par leur irrégularité. « Je ne suis pas étonné par le nouveau cap franchi par Adrien, assure Pierre Mankowski, l’ex-sélectionneur de l’équipe de France Espoirs (2014-2016), qui a eu Rabiot sous ses ordres. Il a passé logiquement ces caps. Il trace sa route tranquillement, sans s’arrêter. Il est toujours en progression dans ses choix, dans sa notoriété»

Sous contrat jusqu’en 2019, Rabiot est l’un des rares joueurs formés au PSG (de 2010 à 2012) à s’être imposé depuis le rachat du club, en 2011, par le fonds Qatar Sport Investments (QSI). Une particularité que le natif de Saint-Maurice (Val-de-Marne) partage avec le gardien Alphonse Areola et avec le défenseur central Presnel Kimpembe, qui partage son temps de jeu en défense centrale avec les Brésiliens Marquinhos et Thiago Silva.

Les retrouvailles avec Carlo Ancelotti

Le milieu à l’épaisse tignasse a suivi une trajectoire diamétralement opposée à celle de l’ailier Kingsley Coman, 21 ans, qu’il trouvera dans le camp d’en face ce mercredi soir. Pur produit du club de la capitale, Coman a refusé de parapher un contrat professionnel avec le PSG pour s’engager avec la Juventus Turin, à l’été 2014, avant de rejoindre le Bayern Munich.

C’est sous le règne de l’entraîneur italien Carlo Ancelotti (2012-2013), qui retrouvera lui aussi mercredi le Parc des Princes, qu’Adrien Rabiot a intégré le groupe professionnel du PSG. « Il va prendre une autre dimension cette saison », a d’ailleurs récemment prédit l’actuel entraîneur du Bayern Munich au Figaro. Titularisé par intermittence par Ancelotti, Rabiot est même devenu, en novembre 2012, face aux Croates du Dinamo Zagreb, le plus jeune joueur à entamer une rencontre de Ligue des champions, à 17 ans et 7 mois.

Un temps prêté à Toulouse, en 2013, Rabiot aspire vainement à une place de titulaire sous l’ère Laurent Blanc (2013-2016), barré par l’inamovible trident Matuidi-Motta-Verratti. Il s’impatiente, trépigne, menace à plusieurs reprises de quitter la capitale. A l’été 2016, l’arrivée sur le banc parisien d’Unai Emery va permettre, à moyen terme, au jeune homme de se relancer. Le joueur s’accroche et s’aguerrit jusqu’à se rendre indispensable. Au point de participer, malgré une infection pulmonaire, au huitième de finale retour de Ligue des champions qui scella la sidérante remontada (remontée) du FC Barcelone, victorieux (6-1) au Camp Nou.

« Adrien a fini par s’imposer au PSG, et pas dans la facilité, reconnaît Pierre Mankowski. Il a toujours voulu s’affirmer. C’est un garçon adorable, très à l’écoute, qui fait peu de bruit dans un groupe. C’est un milieu polyvalent, intelligent, doté d’une excellente technique, qui a un très un gros volume de jeu. Il n’hésite pas à créer des brèches et fonctionne toujours en compensant pour ses partenaires. »

Le rôle joué par Véronique Rabiot

Pour expliquer la lente ascension et les moments de doute d’Adrien Rabiot au PSG, il faut s’attarder sur le rôle joué par sa mère Véronique, qui gère ses intérêts. Intransigeante, sourcilleuse, cette dernière n’a pas hésité à taper du poing sur la table quand le temps de jeu de son fils était insuffisant. Quitte à mettre la pression sur les décideurs du PSG sous le règne de Laurent Blanc. En 2008, elle avait d’ailleurs écourté le séjour de son fils, alors âgé de 13 ans, à Manchester City, jugeant que les engagements pris par les dirigeants des Citizens n’avaient pas été tenus. « Adrien n’est pas expansif et il est plus en confiance quand c’est son entourage qui gère ses intérêts. C’est plus facile pour lui », estime Pierre Mankowski.

Parfois moquée par les observateurs, la relation entre le footballeur et sa mère détonne dans un milieu où les agents régissent le marché. Ce lien unique doit aussi être appréhendé à l’aune du lourd handicap (un syndrome d’enfermement), dont souffre le père d’Adrien Rabiot.

Sous les feux de la rampe, le numéro 25 du PSG attend actuellement son heure en équipe de France. Ecarté par Didier Deschamps avant l’Euro 2016, le Parisien a honoré sa première sélection, en mars, contre le Luxembourg, en match qualificatif à la Coupe du monde 2018, organisée en Russie.

Rabiot pourrait jouer un rôle majeur, le 7 octobre, en Bulgarie, et lors de la réception de la Biélorussie, trois jours plus tard, au Stade de France. Privé de Paul Pogba, blessé aux ischio-jambiers, le sélectionneur des Bleus aurait tort de se passer des services du jeune homme, en plein envol avec son club.