Le fabricant d’éthanol BioWanze s’est diversifié en produisant du gluten et des fertilisants à partir de combustion de la biomasse ou de biogaz. / BioWanze

Six cents millions d’euros de « certificats verts » octroyés chaque année pour soutenir les producteurs d’énergie renouvelable et garantir un quota de cette énergie non conventionnelle (solaire, éolien, biomasse, etc.) : c’est un des mécanismes privilégiés par la Wallonie, une des trois régions belges, ­depuis une quinzaine d’années.

Appliqué dans plusieurs pays, il ne ­considère pas, en Wallonie, l’utilisation faite de l’électricité produite (consommée sur place ou injectée dans le réseau de distribution), mais seulement l’économie de CO2 et de déchets qu’elle permet. Il vise également à garantir un taux de rentabilité aux installations de production. Les certificats verts sont un des leviers pour atteindre l’objectif régional de production d’énergie renouvelable : 13 % de la consommation finale en 2020, 20 % en 2030.

Garantie d’une rétribution

Utile à très petite échelle, par exemple pour des agriculteurs dont l’exploitation est devenue autonome sur le plan énergétique, le mécanisme a aussi permis la réalisation de projets plus ambitieux. A Wanze, dans la province de Liège, l’usine de bioéthanol BioWanze n’aurait sans doute pas bénéficié d’un investissement de 350 millions d’euros de son actionnaire allemand – le géant de l’industrie sucrière Südzucker – sans la garantie d’une rétribution de la production d’électricité verte.

« L’usine produit 22 mégawattheures (MWh), dont 15 pour la faire tourner et 2 pour alimenter la sucrerie voisine, tandis que 5 sont injectés sur le réseau public », souligne André Tonneaux, le directeur du site. Créée en 2008 pour fabriquer, à partir de blé fourrager et de sirop de betteraves, un produit vert à mélanger avec de l’essence, BioWanze s’est progressivement diversifiée en produisant du gluten, des fertilisants à partir de combustion de la biomasse ou de biogaz.

Un cas exemplaire, en développement constant, mais dont les acteurs – 160 personnes, des centaines d’emplois indirects – sont menacés : la Commission européenne, passant de l’enthousiasme au scepticisme, entend réduire la production d’agrocarburants, pour privilégier les déchets d’origine alimentaire. Un projet irréaliste, juge M. Tonneaux, qui défend le projet de biocarburants de deuxième et troisième générations, à partir de bois, de cellulose, de paille ou d’algues.

Un dossier tout sauf simple pour une région qui a dû modifier plusieurs fois le régime de ses certificats verts. Parce qu’il avait créé une « bulle » dans le domaine du photovoltaïque : s’équipant massivement de panneaux chinois à faible coût tout en bénéficiant de subventions d’un niveau élevé, des milliers de ménages ont menacé l’équilibre du système, ce qui risquait d’entraîner une augmentation de la facture pour tous les consommateurs, détenteurs de panneaux ou non.

Vers une sortie du nucléaire

La Wallonie doit aussi tenir compte des contraintes liées à la complexe organisation du royaume, qui a transféré une ­série de compétences vers les communautés et les régions. Ces dernières – la Flandre, Bruxelles, la Wallonie, aux intérêts souvent divergents – ont acquis, par étapes, la maîtrise des énergies renouvelables, d’une partie de la distribution et de la ­politique tarifaire, de l’octroi des licences aux fournisseurs. Ils sont ainsi une quinzaine à pouvoir alimenter des clients résidentiels sur le marché wallon. « La Wallonie encadre strictement la fourniture d’énergie à travers l’introduction de la ­notion d’obligation de service public, avec des procédures spécifiques pour les défauts de paiement, les coupures, les compteurs à prépaiement », souligne Stéphane Renier, président de la Commission wallonne pour l’énergie, le régulateur régional.

L’Etat fédéral, qui se concerte régulièrement avec les régions, conserve, lui, la maîtrise des questions stratégiques, comme le transport sur les lignes à très haute tension ou la détermination des plafonds tarifaires. Il a aussi fixé la date de sortie du nucléaire : 2025, en principe. Même si pas mal de spécialistes doutent que cet objectif puisse être respecté.

Réalisé en partenariat avec Régions de France.